
La réforme du secteur des taxis, plombé par les agréments, n’est pas pour demain. En revanche, le gouvernement veut accélérer le programme de renouvellement du parc. Le Conseil de gouvernement vient d’adopter un projet de décret revoyant les modalités d’octroi de la subvention destinée à financer l’achat d’un nouveau véhicule. Le texte ne fait pas allusion à la durée du programme ni au reliquat du budget qui avait été fixé à 250 millions de DH, dont 150 millions pour la seule région du Grand Casablanca.
Désormais, le chauffeur de taxi qui bénéficie de la prime doit s’engager à utiliser le nouveau véhicule pendant au moins 48 mois. Sinon, il devra restituer un montant forfaitaire de 700 DH pour chaque mois restant. Lorsque le taxi-driver reçoit, en plus de la subvention, une prime à la casse, il devra remettre son vieux véhicule au concessionnaire automobile qui la confiera à l’opérateur chargé de sa destruction. «Bien que prévu dans l’ancien décret, la prime à la casse n’a jamais été versée aux professionnels car le marché de la destruction des anciens véhicules utilisés comme petits taxis n’avait pas encore été attribué», précise Mohamed El Harrak, SG du Syndicat national des taxis. A l’évidence, la destruction des anciens petits taxis, souvent à l’état d’épave, sera confiée au même opérateur chargé de la casse des grands taxis et qui est situé à Jorf Lasfar.
Autant de nouvelles conditions qui avaient été prévues par le décret relatif au renouvellement du parc de grands taxis et qui ont été étendues aux petits taxis. L’objectif étant de resserrer les engagements des bénéficiaires par rapport à l’utilisation du véhicule acheté grâce aux deniers publics et s’assurer du retrait des anciens taxis.
De nombreux chauffeurs de taxis se plaignent souvent des délais de traitement des demandes. «Le problème ne se pose pas dans le cas des grands taxis, puisque les professionnels reçoivent une réponse au bout d’une quinzaine de jours en moyenne. Mais pour les petits taxis, cela peut aller jusqu’à trois mois», signale le syndicaliste.
Le gouvernement espère que l’alignement des deux dispositifs permettra d’accélérer l’instruction des dossiers. De plus, le nouveau schéma est censé pousser les chauffeurs de taxis à adhérer au programme de renouvellement du parc de taxis. Dans un premier temps, ce dernier avait démarré en 2010 dans la région du Grand Casablanca, qui compte le plus grand parc de taxis, avant d’être étendu à toutes les régions. Jusqu’à présent, 8.000 chauffeurs de petits taxis ont pu acquérir un véhicule neuf. Lancé en 2014, le programme de renouvellement des grands taxis a profité à plus de 7.000 professionnels. Presque autant que les petits taxis. Ce qui indique la fluidité de la procédure relative au renouvellement de la première catégorie.
Au total, plus de 15.000 nouveaux véhicules ont été acquis via la subvention de l’Etat. Ce qui a permis d’améliorer un tant soit peu les conditions de déplacement des citoyens, principalement via grand taxi, grâce à la capacité des nouveaux véhicules. Mais il reste encore, selon les estimations des opérateurs, plus de 50.000 taxis n’ont toujours pas été renouvelés. Par ailleurs, ceux qui ont déjà bénéficié de la prime se retrouvent, après à peine quelques mois d’utilisation, dans un état lamentable, faute d’entretien régulier.
Barème de la prime
35.000 DH jusqu’à concurrence de 30% du prix du véhicule
15.000 DH contre remise du véhicule à la casse
Un succédané à la mise à niveau
Le programme de renouvellement du parc de taxi a pu être mis en œuvre grâce à l’application du contrat-type liant le titulaire de l’agrément et le chauffeur. C’est ce dernier qui bénéficie de la prime de renouvellement à travers le concessionnaire et qui se voit attribuer une carte grise. A cause du phénomène des agréments et de la multitude des intervenants, il était impossible de désigner un bénéficiaire. Le problème a été réglé via la circulaire 61 édictée en 2012 par l’Intérieur. Elle prévoit l’obligation de signer un contrat standard pour une durée de 6 ans, renouvelable. Sauf que les titulaires des agréments rechignent à signer ce document pour ne pas perdre le «droit d’entrée» qui peut atteindre parfois 150.000 DH. La signature d’un contrat induit une relation contractuelle sur plus d’une douzaine d’années et donc la renonciation au «pas de porte». A défaut de réforme structurelle du secteur des taxis et la fin des agréments, le ministère de l’Intérieur a diffusé une nouvelle circulaire en 2015 pour exiger des titulaires de signer un contrat officiel avec les chauffeurs de taxis.
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