
Le gouvernement met le turbo. Face à la perspective d’une année maigre en pluies, conjuguée aux perturbations créées par la pandémie coronavirus, le ministère de l’Agriculture a réagi en temps opportun, via le groupe Crédit Agricole du Maroc.
Ce dernier vient d’annoncer le déblocage d’un financement additionnel de 1,5 milliard de DH. Un montant adossé également à des mesures de retraitement de l’endettement des agriculteurs pour leurs échéances à venir.
Pour les petits agriculteurs, il s’agit d’un traitement automatique consistant en un report de leurs échéances à court terme extensible sur le moyen et le long terme. Alors que pour les autres catégories, la situation de leur endettement sera examinée, au cas par cas, et des facilités de paiement leur seront accordées selon leur capacité de remboursement. Pour ce qui est du refinancement, trois activités sont ciblées: l’élevage, l’arboriculture et les cultures printanières.
Pour la première activité, il s’agit de soutenir le plan de sauvetage du cheptel, notamment à travers le financement des achats de l’orge subventionné et l’aliment de bétail. (Voir L’Economiste du 26 mars). A cet effet, 500 millions de DH sont dédiés au produit «Laksiba».
C’est pratiquement le tiers de l’enveloppe globale. Et pour cause, la filière représente un enjeu de taille. Avec en tête l’activité des viandes rouges qui constitue un secteur stratégique de par son poids dans le PIB agricole. (Voir infographie). Elle assure 27 milliards de DH de chiffre d’affaires et contribue à la sécurité alimentaire du pays.
Par ailleurs, on dénombre plus d’un million d’exploitations dans les pays qui pratiquent l’élevage, dont 70% ont comme activité principale la production de viande rouge. Elle procure également 1,8 million d’emplois par an.
Par ailleurs, le cheptel producteur de viandes rouges compte 39 millions de têtes (dont 2/3 d’ovins) répartis entre bovins (3,2 millions), ovins (19,2 millions), caprins (6,2 millions) et camelins 200.000 têtes.
La seconde activité ciblée par le financement du Crédit Agricole du Maroc est constituée des cultures du printemps: Filaha Rabiy. Celle-ci se voit réservée 600 millions de DH. Le montant couvre toute une panoplie de spéculations, notamment le maraîchage, maïs, tournesol, melon, pastèque et quelques légumineuses tardives.
Il s’agit de financer les frais d’installation des cultures ainsi que leur entretien.Tout particulièrement en ce qui concerne les légumineuses tardives, leur installation dans les zones peu impactées par le manque des pluies peut se révéler une issue salvatrice. Ces cultures occupent la seconde place dans les assolements après les céréales. A la condition de faire le bon choix des semences. Dans l’objectif de réduire le risque de maladie et d’assurer de bons rendements.

Pour le moment la fève reste le principal produit, avec une part qui dépasse souvent les 60% de la production totale. En termes de consommation moyenne de ces produits, les Marocains consomment 8 kg par habitant et par an.
De manière générale, la superficie dédiée aux légumineuses reste encore faible: 400.000 ha. Celle-ci est concentrée à hauteur de 90% dans les zones du Saïss, le Rif, le Gharb et la Chaouia. La production moyenne annuelle est de l’ordre de 3,2 millions de quintaux, et le rendement moyen à l’hectare ne dépasse pas les 8 quintaux.
La troisième activité ciblée par le financement de CAM est l’arboriculture fruitière. Le produit «Al Ghars» bénéficiera de 400 millions de DH. Le montant devrait servir à l’entretien des arbres (olivier, agrumes et rosacées) dans l’objectif de réduire l’impact du déficit pluviométrique et sauvegarder les futures productions. CAM accordera aux arboriculteurs des financements pour continuer à assurer l’entretien nécessaire de leurs vergers, notamment l’irrigation, l’acquisition de fertilisants, les traitements phytosanitaires…
Parallèlement, la banque verte financera les importations des céréales et d’aliments de bétail, effectuées par les entreprises clientes de l’institution. Elle facilitera également les opérations relatives aux compléments d’approvisionnement du marché local.
Compte tenu de la situation sanitaire d’urgence engendrée par la crise du coronavirus, un dispositif particulier sera mis en place pour éviter l’engorgement des agences du CAM qui demande à sa clientèle de respecter les règles de qui leur seront transmises (prise de rendez-vous par téléphone, respect des files d’attente à l’extérieur des agences…).
A.G.
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