
La nouvelle grille comporte différents tarifs en fonction de la durée du séjour
La décision de l’Arabie Saoudite de rendre payants les frais de visa pour la Omra a eu l’effet d’une douche froide. Le montant du visa à entrée unique a été fixé à 2.000 riyals (entre 5.000 DH et 5.500 DH selon le taux de change). Le nouveau tarif s’applique aux pèlerins qui désirent effectuer la Omra plus d’une fois dans un délai de trois ans.
La nouvelle grille comporte différents tarifs en fonction de la durée du séjour. Cela va de 7.800 DH pour un séjour de six mois à 20.800 DH pour deux années. Les personnes qui se rendent pour la première fois en Arabie Saoudite pour accomplir ce rituel ne sont pas concernées par ce changement. Elles bénéficient de la gratuité.
Décidé lors du conseil des ministres saoudien du 8 août dernier, la hausse est entrée en vigueur début octobre.
Le réaménagement des frais consulaires par le gouvernement saoudien s’inscrit dans une politique d’austérité, marquée par la hausse de certains impôts et taxes, la réduction des salaires de certains fonctionnaires et du train de vie de l’Etat qui fait face à une dégradation historique de ses agrégats économiques à cause de la chute des cours du pétrole.
Les Marocains qui souhaitent effectuer la Omra deux fois par an devront s’acquitter, en plus des frais de voyages, de séjour, etc., d’un surcoût de plus de 5.500 DH. Ce qui risque de dissuader bon nombre d’entre eux. D’où la panique des agences de voyages qui voient dans cette hausse une menace pour leurs activités. D’autant que le tourisme religieux constitue entre 30 et 80% du chiffre d’affaires des voyagistes. C’est la raison pour laquelle l’Agence régionale des agences de voyage de Casablanca-Settat a réalisé une étude pour évaluer l’impact de l’augmentation des frais de visa sur la profession.
Sur 60 agences, 41 ont répondu.
Ainsi, 100% des participants à l’enquête ont déclaré que la mesure va affecter l’ensemble des voyagistes car le nombre de pèlerins risque de baisser. Les agences de voyages s’attendent à une baisse moyenne de 40% de la clientèle pour la Omra. C’est essentiellement le segment du pack social, le plus demandé, qui risque d’être touché.
Pour atténuer l’impact de la hausse des frais de visa, les voyagistes proposent de renégocier les tarifs avec les hôteliers saoudiens. D’autres suggèrent aux pouvoirs publics marocains de demander des conditions spéciales pour les pèlerins nationaux ou de ramener la durée de rétroactivité à 1 an au lieu de 3. Sauf que la marge de manœuvre reste limitée d’autant que les Saoudiens considèrent la décision comme relevant de la souveraineté du pays. Les personnes qui effectuent la Omra une fois par an constituent 80% de la clientèle de certaines agences de voyages. Et dans la majorité des cas, elles optent pour le produit économique.
Contrairement au Haj, les tarifs de la Omra sont libres. Le relèvement des frais de visa ne laisse pas une grande marge pour les professionnels pour augmenter leurs tarifs. Au cours de l’année, c’est le mois de ramadan qui enregistre le plus grand engouement car la Omra pendant ce mois est considérée comme le petit pèlerinage par les musulmans. Du coup, les tarifs s’envolent et peuvent aller du simple au double. Ainsi, le tarif moyen pour produit social pour ramadan varie autour de 21.533 DH. Le reste de l’année, il baisse à 12.671 DH. Le pack premium s’élève à 65.899 DH contre 35.000 DH en moyenne le reste de l’année. Après le tourisme réceptif, le tourisme religieux est dans de mauvais draps.
Un business d’environ 1,8 milliard de DH
L’année dernière (1437 du calendrier de l’hégire), 78.000 Marocains ont effectué la Omra, dont 31.400 pour la région Casablanca-Settat. Ce qui représente un chiffre d’affaires de 750 millions de dirhams, dont 415,3 millions de dirhams réalisés pendant la période de ramadan. Soit un chiffre d’affaires de 24.046 dirhams par pèlerin. Au niveau national, le business de la Omra est estimé à environ 1,8 milliard de dirhams. Les voyagistes de la région Casablanca-Settat s’attendent à une perte sèche d’environ 300 millions de dirhams.
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