«Nous sommes menacés dans notre survie et certaines agences fermeront bientôt leurs portes». D’emblée le ton est donné à cette journée de sensibilisation organisée par l’Association régionale des agences de voyage de Marrakech (ARAVM) pour une lutte efficace contre l’informel. «Il est nécessaire d’unifier nos forces et nos actions –voyagiste, transporteurs, hôteliers et autorités pour à défaut de l’éradiquer réduire la part de l’informel dans notre activité», insiste Mustapha Chafaï, président de l’ARAVM. A Marrakech comme dans toutes les villes touristiques du Maroc, le fléau prend de plus en plus d’ampleur. Chez les voyagistes, la part de l’informel devient exponentielle avec le développement d’Internet. L’ARAVM a dénombré une cinquantaine d’agences clandestines qui sévissent via le net, certaines au Maroc et d’autres en Europe, commercialisant toutes le sud marocain. Sans compter toutes «les agences» qui ont pignon sur rue qui vendent des excursions, d’autres des circuits. Il y a aussi des opérateurs (agences immobilières, agences de communication) qui agissent dans le domaine réservé aux agences de voyages sans aucune licence «et surtout sans aucune vergogne». «Nous souhaitons que ces structures respectent la loi en matière de licence, d’assurance RCP, de paiement des impôts…», estime Khalil Majdi, voyagiste marrakchi. Pour cet ex-président de la fédération des agences de voyages, la prolifération des agences de voyages (réelles ou virtuelles) a prospéré à cause des failles d’une loi surannée. Quoique remontant à 1996, elle n’a pas prévu l’utilisation, par exemple, des nouvelles technologies de l’information. Pour les responsables des autorités locales présents à cette journée de sensibilisation, les Associations professionnelles doivent s’assurer de la non-conformité de ces structures et saisir les services économiques de la ville et le ministère de tutelle et puis porter plainte auprès du tribunal compétent. Cette démarche devrait être répétée autant de fois qu’il le faut. C’est ce que fait l’ARAVM, rappelle Chafaï. Outre les voyagistes, le transport touristique est également confronté à la concurrence du secteur de l’informel. Ses opérateurs font la distinction entre deux types d’activités informelles.
Des conducteurs de minibus, semblables à ceux utilisés par les opérateurs autorisés, et opèrent sous l’œil «tolérant» des autorités. Et puis l’informel exercé par les grands taxis blancs qui protestent et bloquent la route aux minibus du transport touristique lorsqu’ils prennent des clients devant les hôtels ou à l’aéroport. L’atmosphère devient tendue avec les taxis en temps de crise avec des piquets de grèves répétitifs de la part des transporteurs touristiques mais aussi des taxis, Récemment, c’est devant les clients que les deux parties en sont presque venus aux mains à l’aéroport de Marrakech donnant une image dégradante de la profession. Dommage!
Hébergement clandestin
De tous les secteurs du voyage, c’est l’hôtellerie qui souffre le plus de l’informel. On en veut pour preuve ce décalage entre les arrivées à l’aéroport et les nuitées réalisées dans les établissements classés. En 2010, une étude de l’Observatoire du tourisme avait confirmé qu’un touriste sur deux qui arrive à Marrakech n’allait pas à l’hôtel, mais dans des riads, des appartements. Ce phénomène a permis à des canaux de distribution de se mettre en place sans encadrement réglementaire et encore moins de fiscalisation, manne qui échappe à l’Etat. Ainsi, l’an dernier, la commission de classement en partenariat avec l’association des maisons d’hôtes a pu recenser et intégrer dans le circuit légal 500 riads. Avec l’arrivée de l’hébergement collaboratif du type Airbnb, le phénomène va certainement prendre plus d’ampleur et il sera difficile de le contenir.
De notre correspondante,
Badra BERRISSOULE
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