Dans la ville d’Essaouira où le niveau de pluviométrie est faible, «Archibionic», le cabinet d’architecte implanté depuis quelques années dans la région, a imaginé un habitat fonctionnel 100% autonome et auto-suffisant en eau et en électricité. L’immeuble prévu au centre ville, à quelques mètres de la plage est construit à partir de matériaux naturels: bois, briques de terre crue, enduits à la chaux, cloisons en papier mâché…

«L’électricité sera entièrement fournie par des panneaux photovoltaïques dont la surface est considérablement réduite grâce à différents moyens mis en œuvre afin de faire baisser la facture énergétique des appareils ménagers à très faible consommation, des plaques de cuisson à induction, ainsi que l’éclairage LED», explique Myriam Soussan architecte.
Et d’ajouter «La pluie est récupérée dans une citerne de 70m3 enterrée sous le sol et nécessitant une surface de récupération de 200m². Il a été calculé une consommation de seulement 80L/j par appartement grâce à la mise en place de procédés permettant une réelle diminution de la consommation en eau: Toilettes sèches, réutilisation des eaux grises qui sont épurées par la phyto-épuration et qui servent à l’arrosage du potager, robinets à infra-rouge et lave vaisselle à ultra sons».
En plus des solutions mises en place pour assurer aux résidents de l’immeuble autonome, une alimentation en eau et en électricité, un potager et des arbres fruitiers ainsi qu’un espace d’aquaponie (élevage de poissons) et production d’œufs seront installés sur la terrasse de l’immeuble. Des revenus seront également générés grâce à la location d’une boutique «bio», pour réunir le salaire dédié à l’intendant chargé de s’occuper du potager, de la gestion du compost et des diverses tâches liées à l’entretien de l’immeuble», affirme Laurent Moulin, architecte et co-gérant du cabinet d’architectes.
Avant de s’installer dans la cité des Alizés, les deux architectes ont été à l’origine d’un projet novateur à Rabat, un logement d’une superficie de 207m2 conçu en reproduisant à petite échelle, en accéléré des cycles naturels (eau, matière organique, énergie) et en fusionnant les différents dispositifs relatifs au déroulement de ces cycles. Une architecture, qui en plus d’intégrer ces espaces techniques, a été novatrice sur le plan de la stratégie d’occupation de l’espace.
«Modulable, elle autorise un véritable nomadisme au gré des besoins (changement d’affectation, transformation ou réduction des espaces), des saisons ou du nombre d’occupants (modification ou cloisonnement). Dans cette maison, tout se transforme et se déplace.
L’approche cybernétique est basée sur les relations qu’entretiennent les éléments d’un système en équilibre. Les éléments doivent être le plus simple possible sur le plan formel et constructif mais peuvent établir des relations complexes entre eux.» avait stipulé Myriam Soussan en parlant de ce projet.
Ainsi «ArchiBionic» s’engage dans l’architecture autonome pour un confort de vie sans impacter l’environnement à Essaouira. Le but étant d’acquérir une totale indépendance vis-à-vis de l’accès aux besoins fondamentaux (eau, nourriture, énergie, qui sont produits localement…), une nécessité d’auto-suffisance de plus en plus absolue, en pleine crise sanitaire mondiale.
Le projet pilote à Sidi Kaouki
Pour ce projet, les architectes Myriam Soussan et Laurent Moulin se sont inspirés des solutions et savoir-faire locaux pour faire face aux contraintes climatiques extrêmement difficiles: vents violents fréquents, températures très élevées et pluviométrie très faible. L'idée a été de positionner une série d'espaces de vie intérieurs, extérieurs ou semi-extérieurs entre deux murs filants parallèles, positionnés perpendiculairement au vent nord dominant. La maison peut ainsi être totalement ouverte pour profiter, à l'ombre et à l'abri du vent, des températures plus douces d'intersaisons. La mobilité du cloisonnement permet de faire varier les configurations spatiales intérieures. Enfin, et pour la première fois, la maison 100% autonome (eau, énergie, déchets) a été réalisée sans ciment ni plastique.
De notre correspondante permanente, Ghizlaine BADRI
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