
Réforme des administrations; réforme dans l’enseignement; réforme de la Santé publique… Ces trois grands services de l’Etat (en dehors de la sécurité) sont les plus grands employeurs du pays. Aujourd’hui, ce sont aussi ceux dont les gens se plaignent le plus en matière de connivence, passe-droit et corruption.
Pourtant, quand la nouvelle équipe ministérielle présente ses projets (faisant en cela un grand progrès par rapport au passé), on ne cite pas la corruption. Ce choix politique nous ramène plus de 20 ans en arrière, quand les greffes des tribunaux refusaient le récépissé de dépôt de dossier pour la création de Transparency Maroc. Et quand aussi, régnait encore en politique cette idée ésotérique selon laquelle «ce dont on ne parle pas, n’existe pas».
Le gouvernement d’El Othmani veut-il nous rajeunir de 20 bonnes années? On comprend parfaitement ce que redoutent les pouvoirs publics marocains: que la lutte contre la corruption serve à régler des comptes politiques ou personnels; comme cela s’est passé en Allemagne nazie, ou dans le Brésil contemporain en passant par l’Algérie, la Chine ou la Russie…
C’est un moyen expéditif dont les foules sont certes friandes. Mais il ruine les bases d’une nation, au profit exclusif de l’homme fort du moment. Lequel sera immanquablement victime de son propre système.
Les procès-spectacles sont le signe certain qu’il n’y a aucune volonté de lutter contre la corruption.
La vraie lutte se passe en amont, pour dissuader la connivence et la corruption. Veiller à ce qu’il y ait assez de guichets pour que personne n’attende; ne jamais laisser un fonctionnaire seul face à un citoyen, à la merci l’un de l’autre; digitaliser au maximum tous les services publics…
Toute autre méthode que la prévention est à bannir, mais ce n’est pas une raison pour continuer de nier les évidences.