
«Vraiment, vraiment! comme tout est bizarre aujourd’hui!» comme dirait Alice au pays des merveilles. Du débat sur la compensation, il ne reste plus que cela: une polémique où s’engouffrent syndicats, transporteurs, opposition... D’une mesure incontestable du point de vue économique, le gouvernement en a fait finalement par impréparation un joli pataquès. Les bâches de ce cirque ne sont même pas repliées à en juger par la «marche» de l’Istiqlal programmée hier, laquelle complique avec les promesses de grèves, l’annonce de «mesures compensatoires», la cacophonie ambiante. S’il n’y avait que cela. La cruauté des chiffres des Finances publiques sont là pour rappeler qu’il y a d’autres motifs de frayeurs que l’amélioration des perspectives de croissance pour cette année (+4,8% désormais attendus pour 2013) n’arrivera pas à dissiper. Les contorsions de langage dans la communication gouvernementale ne contribuent pas à améliorer l’ambiance générale ni la lisibilité. Car, dans cette configuration, comment deviner ce que cherche véritablement l’équipe Benkirane. Une stratégie n’est pas appliquée qu’une autre lui succède. Les objectifs sont annoncés mais se périment déjà parce qu’ils sont irréalistes ou mal montés. Les exemples abondent. Ici c’est l’exécutif qui s’engage sur la réduction du train de vie de l’Etat sans dire comment il compte y arriver. Résultat: la masse salariale dans le public et les dépenses de matériel sont en forte hausse. Là c’est le ministre de la Santé qui tue sa réforme du médicament à travers des bonus, contestés sur les marges. Cela fait beaucoup. Une certitude, au vu des circonstances actuelles, il est désormais acquis que les futures délibérations sur le budget ne seront pas un long fleuve tranquille puisqu’une jolie bulle politique et économique est déjà installée.
Mohamed BENABID