Gestion
Le président n'avait pas offert des moutons pour l'Aïd. Les conseillers ne sont pas venus au conseil. Ils le lui ont fait savoir. Cela se passe à Casablanca. Dans la commune voisine, le président a offert des moutons; il a tenu son conseil et fait voter ce qu'il a voulu.Des techniques de ce genre, il y en a beaucoup pour les élections, les coalitions, les décisions, les marchés. Il y a de quoi écrire un manuel de combines locales. Comment peut-on alors parler de «gestion« des villes? La gestion est le mot qui s'impose; il signifie «bien utiliser des ressources rares«. Dans nos villes, l'argent, l'espace, l'eau, la verdure, les emplois… tout est rare, et tout semble mal géré pour le citoyen. Les élus sont les premiers à le reconnaître, même devant des cadres d'entreprise ou d'administration, dont c'est le métier de gérer. A cet égard, la première réunion de L'Economiste sur «La ville face à ses entreprises« fut instructive. La région d'El Jadida accueille le plus grand port, les plus gros investissements en matière d'énergie, de phosphates, de sidérurgie, des multinationales, une myriade de PME. C'est un réservoir de compétences qui réclament, contestent… mais s'engagent peu dans la chose publique. Pourtant, ils en connaissent l'importance, pour leurs entreprises, leurs carrières, leur environnement.Dans tous les villages et villes du Maroc, ces élites laissent un vide, vite occupé par des peu compétents ou des jeunes dans le besoin, qui font d'élu un métier, donc pas honnête. Les rares cadres, opérateurs, hommes de bonne volonté qui ont le courage de s'engager dans la gestion locale se démènent comme ils peuvent. Bien sûr, les autorités veillent; mais qui dit autorité, dit abus. La tentation est partout. Heureusement, la nouvelle loi sur les collectivités locales redéfinit les rôles des élus et des administrations. C'est un bel habit de la démocratie locale, taillé pour d'honnêtes gestionnaires, mais s'ils ne se présentent pas en juin, il sera recousu pour les amateurs de moutons.Khalid BELYAZID
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