
Les objectifs du premier contrat-programme sur les viandes rouges ont été dépassés l’année dernière. La production s’est ainsi établie à 490.000 tonnes contre 450.000 prévues en 2014. Ce volume provient à hauteur de 60% de l’abattage contrôlé. Le reste étant réparti entre l’abattage religieux, familial et clandestin
L’ABROGATION de l’arrêté viziriel de septembre 1955 sur le contrôle des viandes devait sonner le glas du monopole de la gestion communale des abattoirs urbains et tueries rurales.
Un pas vers la mise en compétition avec le privé. Ce qui devait accélérer les projets de nouvelles unités modernes conformes avec les standards internationaux. Deux ans après, la nouvelle réglementation n’a fait qu’attiser une concurrence déloyale de l’abattage clandestin et des viandes foraines en provenance des tueries rurales (voir interview page XXII).
Pourtant, le nouveau dispositif (décret n° 2-12-612) se voulait un grand pas dans la réforme du système d’abattage. Car, accompagné de cahiers des charges relatifs à la création et la gestion d’unités d’abattage conformes aux normes fixées par la loi sur la sécurité sanitaire des aliments. Ces cahiers prévoient aussi la mise en place de toute la chaîne de valeur: froid et logistique adaptée au transport des viandes. Pour le moment, 8 projets intégrés comprenant des unités d’engraissement, d’abattage et de découpe ont été lancés.
Parallèlement, une douzaine d’abattoirs municipaux devaient être mis à niveau et cédés en gestion déléguée au privé. Rien de tout cela n’a été réalisé. Pis, des abattoirs jugés insalubres par l’organisme de contrôle, l’Onssa, ont été agréés au début de l’année en cours. Et la réforme est remise sine die. Pour les optimistes, elle sera probablement effective l’année prochaine. A l’appui, ils avancent «l’engagement personnel du ministre de l’Agriculture et l’implication de l’Intérieur. Quoi qu’il en soit, l’enjeu est de taille. Outre la garantie de produits sains et compétitifs, la filière concerne 1,1 million d’éleveurs. Avec à la clé 25,8 millions de têtes de bovins, ovins, caprins et dromadaires. L’activité réalise par ailleurs un chiffre d’affaires annuel estimé à 20 milliards de dirhams et assure 1,8 million de journées de travail à plein temps. Mais l’aval de la filière reste plombé par des abattoirs et tueries jugés vétustes dans leur quasi-totalité.
Selon une récente étude de l’Office national de sécurité sanitaire de produits alimentaires, excepté la nouvelle unité de Meknès, les 179 abattoirs municipaux et les 667 tueries rurales ne répondent pas aux règles d’hygiène les plus élémentaires. Le volume des viandes préparées et contrôlées dans ces unités s’élève à 245.000 tonnes par an dont 205.000 de viandes et 40.000 tonnes d’abats. Bien que leur nombre soit considérable, les tueries rurales ne produisent que 33% des viandes alors que les abattoirs urbains accaparent 67%.
La production totale de viandes rouges est estimée à plus de 490.000 tonnes en 2013 dont 60% contrôlés. Le reste étant réparti entre l’abattage religieux, familial et clandestin.
Selon la réglementation en vigueur, les abattoirs sont considérés comme des établissements incommodes ou dangereux. Ils doivent de ce fait être implantés dans des zones industrielles ou du moins loin des agglomérations. Or, la cartographie actuelle les place en plein centre des villes. Il est donc temps de rétablir l’ordre.
Cascade de taxes
DIVERSES taxes sont perçues au niveau des abattoirs et tueries. Leur montant diffère d’une unité à l’autre. On distingue ainsi la taxe de stabulation (préparation du bétail) et la taxe spéciale d’abattage qui est fixé à tous types d’abattoirs. S’ajoutent aussi les taxes d’abattage, de triperie, frigorifique, de peaux et cuirs, de bienfaisance, d’abattage exceptionnel et celle des viandes foraines.
Selon les abattoirs, la moyenne des taxes varie entre 1,10 et 2,60 DH/kg. Ce dernier niveau est détenu par Casablanca dont la gestion est déléguée. Autrement dit, pour une carcasse moyenne de 200 kg, le chevillard acquitte à l’abattoir de la capitale économique l’équivalent de 520 DH par tête abattue.
L’abattoir de Marrakech occupe la deuxième position avec un cumul de taxes de 2 DH/kg. Il est suivi par celui de Kénitra (1,50). Ceux de Rabat et d’Agadir appliquent 1,10 DH/kg.
A. G
Chère lectrice, cher lecteur,
L'article auquel vous tentez d'accéder est réservé à la communauté des grands lecteurs de L'Economiste. Nous vous invitons à vous connecter à l'aide de vos identifiants pour le consulter.
Si vous n'avez pas encore de compte, vous pouvez souscrire à L'Abonnement afin d'accéder à l'intégralité de notre contenu et de profiter de nombreux autres avantages.