
La pomme de terre, plus grosse victime de l’informel
«A quoi sert le marché de gros à Tanger si 70% des produits frais et légumes n’y transitent pas?» s’interroge l’association des négociants du marché de gros de la ville. La raison est financière. Il s’agit pour certains commerçants d’éviter le paiement des taxes afférentes à la vente au marché de gros et qui représentent 7,5% du montant de la transaction.
Cette taxe incite certains opérateurs à s’approvisionner directement sur d’autres marchés comme celui de Casablanca ou
directement dans les fermes. Les marchandises sont ensuite stockées dans des entrepôts improvisés avant d’être écoulées sur divers marchés de détail. Le manque à gagner pour les caisses de la ville est évident. Mais pour les opérateurs, il s’agit de réduire les dépenses et d’acheter au meilleur prix sur d’autres marchés autres que celui de Tanger qui connaît une certaine inflation, surtout lors des périodes de forte demande, Ramadan et saison d’été, par exemple. Cette situation complique d’autant plus le contrôle de la qualité et le suivi des produits agricoles, fruits et légumes, même si les autorités de la ville assurent l’effectuer sur les différents marchés de détail de Tanger.
L’un des produits les plus touchés par cette «fuite» est la pomme de terre. Historiquement, ce tubercule a longtemps été le seul dont la commercialisation évitait en partie le circuit du marché de gros. L’une des raisons est la production de frites pour les différents snacks et restaurants de Tanger. C’est une série d’ateliers qui se chargent de cette transformation dans des conditions peu rassurantes pour ensuite être distribuées aux différents snacks et restaurants.
Ces établissements se cachent, derrière un vide juridique qui permet aux produits agricoles dédiés à des industries de transformation de ne pas passer par les marchés de gros. Depuis quelques années, on assiste aussi à la «fuite» progressive d’autres légumes, comme les oignons, les poivrons ou encore les tomates. Le futur marché de gros prévu en
2016 à Bni Makada devrait permettre de changer la donne. Ce dernier s’étendra sur près de 11 hectares avec un budget de 80 millions de DH. Il succède aux installations actuelles qui ne manquent pas de soulever des critiques. Sept ans après son entrée en service, le marché de gros est actuellement enclavé au sein de l’urbanisation galopante que connaît l’un des plus grands quartiers de la ville. Saleté et poussière, absence de toilettes, mauvaise gestion, en plus des désagréments causés aux quartiers voisins, sont parmi les griefs qui lui sont reprochés.
Ali ABJIOU
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