
Khalil Mgharfaoui, linguiste, directeur du centre Pluriel: «L’apprenant se focalise dès le départ sur l’out put, or c’est important de se mettre d’abord dans le bain linguistique»
- L’Economiste: Comment apprendre rapidement une langue étrangère?
- Khalil Mgharfaoui: La langue n’est pas un savoir à acquérir comme une connaissance, mais comme un savoir-faire à pratiquer. Il faut donc se mettre dans le bain linguistique. Il est conseillé de lire, dialoguer, écouter des chaînes étrangères,… dans la langue cible, même si dans un premier temps la compréhension n’est pas aisée. Ce contact permet de se familiariser avec la structure sous-jacente de la langue. C’est certainement difficile au début, mais il est impossible d’en faire l’économie. Généralement, les apprenants se focalisent beaucoup sur l’output, ils ont envie de la parler rapidement. Toutefois, cela ne peut se faire sans consentir des efforts. La motivation et la patience sont dans ce sens des facteurs déterminants dans la réussite d’un tel apprentissage.
- Que conseillez-vous à ceux qui décident d’apprendre seuls en allant, par exemple, sur Internet?
- C’est possible d’apprendre en autonomie, mais il est nécessaire de se baser sur une méthode didactique fondée sur des connaissances pédagogiques. Il faut absolument s’appuyer sur des méthodes de langue que l’on trouve dans des manuels ou des sites Internet. Cet apprentissage ne doit cependant pas être une simple flânerie, mais une démarche organisée, sinon il sera difficile d’aboutir rapidement à des résultats probants.
- Les lauréats de l’enseignement public apprennent mal le français. Comment peuvent-ils se rattraper?
- Ils doivent d’abord se débarrasser de certains préjugés, ne pas avoir honte de recommencer à zéro, de faire table rase de ce qui a été mal acquis, en vue de réapprendre correctement la langue. Avec une telle démarche, les résultats peuvent être visibles rapidement. Généralement, il est possible de maîtriser correctement une langue en une année. En moyenne, il faut 360 heures pour passer un niveau.
- La prononciation, est-ce un handicap?
- Il ne faut surtout pas confondre les sons (phonèmes) comme le B et le P en langue française, ou le U et le I, car cela touche au sens des mots: pull n’a rien à voir avec pile ni «bas» avec «pas»… Si vous arrivez à vous faire comprendre facilement, sans créer de confusion chez votre interlocuteur, la prononciation ou l’accent restent accessoires.
Propos recueillis par Ahlam NAZIH
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