Les démissions de membres du gouvernement et du Parlement se succèdent au Liban. Ce qui fragilise davantage une classe politique décriée par la population, dont la colère ne faiblit pas après l’explosion gigantesque du port de Beyrouth.
Près d’une semaine après cette déflagration qui a fait au moins 158 mots, 6.000 blessés et détruit une partie de la capitale, les autorités n’ont toujours pas répondu à la principale question: «pourquoi une énorme quantité de nitrate d’ammonium était entreposée au port, au beau milieu de la ville?».
«C’est un incendie dans l’entrepôt où étaient stockées 2.750 tonnes de nitrate depuis six ans sans mesures de précaution», de l’aveu même du Premier ministre Hassan Diab, qui a provoqué l’explosion dévastatrice. Le drame n’a pas épargné ce qui restait du passé glorieux de la capitale libanaise, frappant musées et bâtisses historiques à l’architecture traditionnelle.
Le président libanais Michel Aoun avait exclu toute enquête internationale et affirmé que l’explosion pourrait avoir été causée par «la négligence ou par un missile».
Au lendemain d’un durcissement de la contestation, certains ministres ont présenté leur démission du gouvernement Diab dont la ministre de l’Information, Manal Abdel Samad, le ministre de l’Environnement Damianos Kattar et la ministre de la Justice, Marie-Claude Najm. Et neuf députés ont annoncé leur démission. Selon les médias locaux, d’autres ministres pourraient suivre, une démission de sept membres étant nécessaire pour faire tomber le cabinet. Hassan Diab avait indiqué qu’il était prêt à demeurer dans ses fonctions pendant deux mois, jusqu’à l’organisation d’élections anticipées.
Dimanche soir, des habitants ont allumé des bougies sur une corniche surplombant le port, pour rendre hommage aux victimes. Dans le même temps, de violents affrontements se sont déroulés dans le centre-ville pour la deuxième journée consécutive entre manifestants et forces de sécurité qui ont tiré gaz lacrymogènes et balles en caoutchouc, selon les médias. Le drame a relancé la contestation populaire déclenchée le 17 octobre 2019 mais qui s’était essoufflée avec la pandémie de coronavirus.
La communauté internationale, qui depuis des années réclame au pouvoir libanais des réformes et une lutte contre la corruption, a bien montré, lors d’une visioconférence dimanche co-organisée par la France et l’ONU, «qu’elle ne lui faisait plus confiance». Elle a annoncé qu’elle allait «directement distribuer à la population les 252,7 millions d’euros d’aide collectés pour porter secours aux victimes». Le mécanisme de distribution de cette aide reste cependant à définir, les ONG ayant «mis en garde les donateurs contre la possibilité que les fonds soient accaparés par les autorités…».
Après la catastrophe, l’aide d’urgence internationale se fixe sur quatre priorités: la santé, l’alimentation des Libanais (qui passait en grande partie par le port de Beyrouth), la réhabilitation des écoles touchées et celle des logements ravagés.
Viendra ensuite le temps de la reconstruction des infrastructures qui sera liée à la mise en oeuvre de profondes réformes.
Le soutien du Maroc
Une aide humanitaire et médicale d’urgence a été envoyée sur Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI au Liban. Pour des responsables libanais cités par des agences de presse, «l’hôpital militaire de campagne déployé par le Maroc et le grand nombre de médecins relevant des Forces Armées Royales du Maroc est une aide qui est intervenue au moment opportun et qui serait capable de compenser les dégâts causés au secteur sanitaire et hospitalier au Liban en cette conjoncture difficile…». Six avions chargés de l’aide marocaine ont atterri, vendredi dernier, à l’aéroport international Rafic Al Hariri de Beyrouth. L’aide comporte aussi du matériel médical de prévention contre le Covid-19, notamment des masques de protection, des visières, des charlottes, des blouses et du gel hydro-alcoolique.
F.Z. T. avec agences
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