«Il est impératif d’avancer une date pour l’ouverture des frontières même en août ou plus tard, sinon on risque de rater également l’année 2021». Les propos sont ceux des hôteliers de Marrakech qui s’inquiètent du silence des autorités concernées.
«Car entre temps, tous les concurrents ont pris de l’avance en s’engageant sur des ouvertures de frontière en juillet. Résultat des courses, les TO et les avions vont programmer ces destinations au détriment du Maroc». Les professionnels du tourisme attendent depuis quelques jours un signe de l’autorité de tutelle et de l’Etat sans rien voir venir.
A l’instar d’autres secteurs industriels, le tourisme traverse une crise exceptionnelle. Se retrouver avec zéro client au mois d’avril et pour le reste de la haute saison, reste du jamais vu. Le scénario progressif des baisses (mars-décembre) indique une perte globale de près de 6 millions de touristes qui vont se traduire avec un total de 11,6 millions de nuitées perdues, selon la confédération nationale du tourisme (CNT).
En chiffres d’affaires, les estimations de la CNT parlent de plus de 34 milliards de DH de pertes pour l’ensemble du secteur dont 14 milliards de DH, rien que pour l’hôtellerie rien que pour 2020. «On s’attendait à ce que le secteur soit érigé en priorité comme ce qui s’est passé dans d’autre pays».
La particularité de cette crise est justement la partie aérienne et la fermeture des frontières. De ce fait, et même lorsque le ciel sera rouvert, les mécanismes seront beaucoup plus lents et les compagnies aériennes reprendront leurs vols d’une manière progressive. Encore faut-il leur fournir une date.
De son côté, l’ONDA (Office national des aéroports) a commencé à mettre en place le nouveau dispositif sanitaire pour l’accueil des passagers, mais pas de date pour l’opérationnalisation des aéroports. Et en attendant, il reste le tourisme national bien que celui-ci ne permettra pas de rattraper de manière significative les pertes engendrées par la crise vu son faible poids en valeur et en volume, insiste CNT.
Par ailleurs, la suppression des congés annuels dans certaines entreprises, celle des évènements grand public, le report des dates d’examens et des concours universitaires limitera considérablement les périodes de voyage des nationaux durant la période estivale. Enfin, l’Aïd Al Adha prévu en juillet imposera des arbitrages aux ménages en matière de voyage et de dépenses.
4.000 entreprises pourraient disparaître
Sans de fortes mesures d’appui au secteur, il y a le risque de destruction importante du tissu économique, alerte la confédération nationale de tourisme (CNT). L’impact estimé par ses experts est une perte de 200.000 emplois directs et indirects et la disparition de plus de 4.000 entreprises. «La sauvegarde de l’écosystème passe par l’appui de l’Etat et à la contribution du système bancaire…», peut-on lire dans le rapport de la Confédération qui insiste sur des solutions concertées et des efforts partagés: les opérateurs qui maintiennent les salaires, l’Etat qui met en place un package de soutien massif conditionné par le maintien de l’emploi et les salariés qui acceptent des mesures temporaires touchant au salaire et au droit de congé. Représentant plus de 4200 hôtels et maisons d’hôtes, 1.450 agences de voyages, 866 restaurants, 1.550 transporteurs…, le secteur emploie 2,5 millions de personnes directement et indirectement selon la CNT.
Badra BERRISSOULE
Chère lectrice, cher lecteur,
L'article auquel vous tentez d'accéder est réservé à la communauté des grands lecteurs de L'Economiste. Nous vous invitons à vous connecter à l'aide de vos identifiants pour le consulter.
Si vous n'avez pas encore de compte, vous pouvez souscrire à L'Abonnement afin d'accéder à l'intégralité de notre contenu et de profiter de nombreux autres avantages.