
Toujours plus. Le secteur financier continue de subir un double diktat: celui des exigences d’un interminable dispositif prudentiel et celui d’une gymnastique d’harmonisation comptable. D’abord le dispositif prudentiel. Quelle que soit leur solidité, les banques doivent continuellement rendre des comptes sur leur capacité à faire face à la montée du risque.
A en juger par les préparations autour de la norme IFRS 9 (cf. notre édition du mercredi 31 mai), la pression remonte. Le basculement du modèle des pertes avérées, avec des banques qui provisionnaient jusque-là la créance impayée au moment où le sinistre se produit, vers celui du modèle des pertes potentielles est un changement majeur. Il aura des conséquences à la fois sur les marges de solvabilité et l’effort de provisionnement.
Les autorités de régulation doivent s’assurer que l’implémentation se fasse avec le moins de dégâts possibles et idéalement de manière progressive. Le pire scénario serait de basculer vers une architecture qui intègre de manière excessive la volatilité du marché.
Ensuite l’harmonisation comptable. Le Maroc subit comme de nombreux autres pays une logique à sens unique, celle des fatwas de l’IASB, la puissante organisation de production normative, à forte dominance anglo-saxonne. Elle est au cœur d’enjeux d’hégémonie économique et politique entre superpuissances.
L’un des principaux reproches porte ici sur la qualité de la jurisprudence rendue, sa neutralité, lorsque celle-ci ne vaut que pour le reste du monde mais pas pour les Etats-Unis qui appliquent leur propre référentiel! Au-delà, tout l’enjeu est d’arriver à caler les arbitrages rendus sur ceux des usagers, entreprises et investisseurs et aux contextes qui vont subir ces normes. L’idéal serait même d’anticiper ces règles en amont.
Le Maroc a accumulé plusieurs années de pratiques d’IFRS. En petit poucet économique, peut-il un jour arriver à faire entendre sa minuscule voix au sein de l’IASB… Rêvons.