. Le chef de l'exécutif a réaffirmé la volonté de son gouvernement de libéraliser le secteur dans un cadre régulé
Encore un an pour concrétiser la réforme de l'audiovisuel. C'est du moins ce qui ressort de la déclaration du Premier ministre à l'occasion de la première journée du Forcom 2000, organisée hier à Rabat. Malgré un agenda chargé, rempli notamment par les travaux du Conseil du gouvernement, M. Abderrahman Youssoufi est venu spécialement pour faire le point sur l'avancée réalisée dans ce domaine.
Taxé d'immobilisme sur ce dossier, le gouvernement affiche ainsi sa détermination à concrétiser le projet. Si le Premier ministre tient donc ses engagements, la loi-cadre sur la réforme de l'audiovisuel devra passer à la session d'automne au Parlement. A défaut, elle risque d'être retardée dans la mesure où il faut se préparer aux élections, estime un conseiller du Premier ministre. Il sera donc difficile dans un contexte politique pareil d'entamer la réforme de l'audiovisuel, ajoute-t-il. A noter que dans sa déclaration sur le bilan gouvernemental en janvier, M. Youssoufi avait réaffirmé l'engagement de son gouvernement sur ce dossier. L'annonce du chef de l'exécutif n'a pas laissé l'assistance indifférente. En fait, c'est la première fois, que M. Youssoufi s'engage sur le délai de la mise en oeuvre de la réforme du secteur de l'audiovisuel. Reste à savoir si son équipe a traduit en texte de loi les recommandations du rapport remis fin 1998 par un groupe de travail restreint au Premier ministre. Silence radio sur la question. Dans son intervention, le Premier ministre a parcouru les grandes lignes de la réforme. L'accent a été mis en particulier sur la libéralisation du secteur dans un cadre régulé. Sur cet aspect, M. Hervé Bourges, président du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel a évoqué la nécessité de séparer de façon claire et tranchée, l'audiovisuel du pouvoir politique. Dans ce domaine, il faut réfléchir à l'autre condition de la liberté d'expression: l'indépendance par rapport aux marchés internationaux. Si des professionnels marocains se sont réjouis de la déclaration de M. Youssoufi, leurs homologues étrangers venus du pourtour euro-méditéerranéen n'ont pas caché leur étonnement du fait que la réforme de l'audiovisuel prend généralement beaucoup de temps, soutient M. Bernard Spitz, conseiller d'Etat et professeur à l'Institut d'études politiques. Et de citer que toute réforme de l'audiovisuel fait toujours des mécontents.
En France, Mme Catherine Trautmann, ministre de la Culture et de la Communication a mis trois ans pour faire avancer la réforme du paysage audiovisuel français. "Elle a été remerciée ensuite parce qu'elle n'a pas pu maîtriser ce dossier", laisse entendre M. Roland Cayrol, président de l'institut français de sondage CSA TMO. Ce dernier précise par ailleurs que la France n'est pas un modèle en la matière. "L'indépendance des médias est une affaire récente chez nous", ajoute-t-il
Projet Messari ?
Les bruits courent encore sur l'existence de deux projets de loi sur la réforme de l'audiovisuel. Un des deux textes aurait été élaboré par M. Larbi Messari, ministre de la Communication. Pour l'heure, le seul document qui existe est celui du rapport adressé par une commission restreinte mise en place par le Premier ministre.
Mohamed DOUYEB
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