
A la mi-février 2016, plusieurs milliers de salariés et patrons de la sidérurgie européenne ont manifesté, à Bruxelles, contre la concurrence chinoise qui déverse sur le marché des produits à prix cassés (Ph. AFP)
La Chine s’est défendue, lundi 18 avril, lors d’un symposium sur la crise sidérurgique à Bruxelles, face à des responsables européens et américains lui reprochant sa responsabilité dans la crise de l’acier. Une crise à l’origine des fermetures d’usines et de suppressions d’emplois sur le vieux continent. «La Chine ne subventionne pas son industrie d’exportation d’acier. Tout ce que nous faisons est conforme aux règles de l’OMC», rappelle Pékin. Mais les autres pays ne voient pas les choses de la même manière. Pour Robert Holleyman, représentant adjoint du Commerce américain, «la production chinoise dépassait encore largement sa demande domestique». Numéro un mondial de l’acier, la Chine en produit près de la moitié à elle toute seule. Elle est accusée par ses concurrents d’inonder les marchés avec ses produits à prix cassés.
Les producteurs européens pressent Bruxelles de prendre des mesures de rétorsions tarifaires contre la Chine comme le font les Etats-Unis. L’Union européenne est le deuxième plus gros producteur d’acier au monde après la Chine, avec plus de 177 millions de tonnes par an, soit 11% de la production mondiale. Quelque 40.000 emplois ont été perdus ces dernières années dans un secteur qui emploie directement et indirectement environ un million de personnes.
La crise de la sidérurgie britannique s’invite aussi au débat. La situation s’est aggravée après la confirmation par le géant indien Tata Steel de son désengagement de la Grande-Bretagne avec la mise en vente de sa filiale locale.
Il faut «convaincre Pékin que l’UE n’est pas la variable d’ajustement du commerce mondial», a prévenu Emmanuel Macron, ministre français de l’Economie. «Il y a des productions d’acier qui sont subventionnées, des surcapacités sont aujourd’hui déversées en dessous parfois du simple prix des matières premières pour certains laminés et détruisent nos capacités productives, c’est inacceptable», a-t-il lancé. Fin 2015, les surcapacités d’acier étaient supérieures à 700 millions de tonnes. Des analyses de l’OCDE estiment que de nouvelles installations devraient produire 47 millions de tonnes supplémentaires d’ici 2018. Les experts s’attendent parallèlement à ce que la consommation d’acier ait diminué l’an dernier.
Dans un entretien à la presse allemande, Elzbieta Bienkowska, la commissaire européenne à l’Industrie, a évoqué «un possible assouplissement des règles entourant l’attribution d’aides publiques pour les entreprises du secteur de l’acier, victimes de la concurrence chinoise et de surcapacités».
Au Maroc, le ministère du Commerce extérieur a prorogé pour 3 ans la protection commerciale contre les importations dont bénéficie la Sonasid, premier sidérurgiste du pays, pour le fer à béton et le fil machine. Sonasid est détenue à 64,8% par une société commune à 50/50 entre ArcelorMittal et SNI (cf. notre édition N° 4670 du 17/12/2015).
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