LES convoitises suscitées par les perspectives de croissance de l’Afrique sont-elles démesurées? Pour en débattre, le

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Cercle des économistes français a organisé pour la première fois à Casablanca ses Rencontres économiques. Un événement auquel L’Economiste(1) était associé en tant que partenaire média. Saga Events, filiale de Saga Communication, a géré avec brio la partie logistique. L’Afrique recèle bien des opportunités d’affaires. Mais attention à l’excès d’euphorie. «Jusqu’au début des années 80, l’Afrique était considérée comme le wagon manquant dans le train de la globalisation», rappelle le Pr. André Cartapanis, membre du Cercle des économistes. Trop faible croissance, une bureaucratie pesante, grandes disparités entre la ville et la campagne, absence d’initiative privée, des problèmes de gouvernance et de corruption, le constat est implacable.
La démographie, qui a priori devrait être un «dividende», représente un boulet puisqu’il est aggravé par les carences du système éducatif et la faible création d’emplois. Ce qui représente une source d’instabilité. De plus, l’écart entre les villes et la campagne continue de se creuser. Les besoins en infrastructures routières, hospitalières, sociales sont énormes. Pourtant, dans ce tableau noirci, les opportunités d’affaires sont grandes. Mais il faut cibler les pays qui présentent le plus de garanties en termes de stabilité, de transparence et de compétitivité. Puis, il y a eu un incroyable mouvement nul pour le Mali», précise André Cartapanis, membre du Cercle des économistes. En cause, la croissance est essentiellement supportée par l’industrie extractive, principalement du pétrole, du gaz et autres phosphates. Or, bien que hautement capitalistique, cette activité génère des revenus certes, mais pas beaucoup d’emplois. Dans la majorité des cas, plus de 75% des exportations sont dominées par des produits bruts. Par conséquent, dans certains cas, 95% de la valeur ajoutée est réalisée dans les pays importateurs de ces produits. Le challenge est donc d’améliorer la valeur ajoutée pour attirer une plus grande plus-value. «Quand on observe la part de l’Afrique dans la production mondiale, en 1970, elle était de 2,75% alors qu’en Asie, elle est de 20%. En 2010, elle s’établissait à 2,73%. Quant aux exportations mondiales, elles étaient de 4,99% avant de passer à 3,32% contre 17% pour les pays d’Asie», signale Cartapanis. L’Afrique bénéficie d’un contexte favorable, mais le risque maintenant est de rester largement dépendant du cours des matières premières, qui peuvent toujours connaître une inflexion ou du moins une stabilisation. La «malédiction des ressources naturelles» ne doit pas être un handicap pour les pays d’Afrique puisque l’Asie de l’Est connaît un développement extraordinaire sans disposer de matières premières.
La fin d’un tabou
Momar Nguer, directeur marketing et distribution pour l’Afrique et le Moyen-Orient chez Total
CERTAINES multinationales avaient bravé les guerres qui déchiraient plusieurs pays africains et avaient choisi d’investir. «Auparavant, la plupart des entreprises n’osaient jamais communiquer sur leur engagement en Afrique. Par crainte de réaction des marchés, elles refusaient de révéler une surexposition dans un continent instable. A présent, une multinationale comme Total, dont l’Afrique a toujours représenté 30% du chiffre d’affaires, n’hésite plus à le dire», explique Momar Nguer, directeur marketing et distribution pour l’Afrique et le Moyen-Orient chez Total. Aujourd’hui, le continent n’est plus assimilé à l’enfant caché des familles. Le sujet n’est plus tabou car le continent ne constitue plus un «risque marché».
Hassan EL ARIF
(1) Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes, a vivement remercié L’Economiste pour son apport à la réussite de cette première édition et Saga Event pour son excellente organisation
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