Faut-il baisser les droits d’importation sur les produits finis? La question fait débat depuis quelques semaines. D’un côté la Fédération marocaine du commerce en réseau met en avant la baisse du chiffre d’affaires qui menace des milliers d’emplois. De l’autre, différentes fédérations et industries mettent en garde contre toute baisse qui pénaliserait la production locale, l’emploi avec.

La crise sanitaire a mis en difficulté plusieurs secteurs et la situation s’est davantage compliquée avec le reconfinement en Europe. Cela s’est traduit par une baisse drastique des commandes en particulier dans le secteur textile. «Il faut continuer à encourager la production nationale. Les importations créent une sur-offre. Et il n’existe pas de modèle de développement sans un secteur productif rendu formel et attractif», souligne Karim Tazi, industriel et porte-parole de plusieurs fédérations sur le dossier des droits d’importations.
Le recours aux importations pour satisfaire une grande partie de la demande se traduit par une perte d’emploi indirect tout en favorisant sa création au profit de l’extérieur. «Un million de dirhams de chiffre d’affaires généré par les produits importés créent un seul emploi. Dans le textile, par exemple, 15 à 20 emplois sont créés pour une valeur ajoutée de 54.000 à 55.000 DH si le produit est fabriqué localement», poursuit Tazi.
Pour les défenseurs de la protection de la production nationale, les importations ont atteint un niveau supérieur à la moyenne observée dans la région. «Elles sont à 48% du PIB contre 29% dans d’autres pays. Cette situation a même bloqué l’injection de liquidité dans l’économie car elle aurait été profitable aux fournisseurs du Maroc», soutient Tazi.
Partout dans le monde, la crise du coronavirus a exacerbé la tendance à consommer national, voire local. Dans son rapport sur les impacts sanitaires de la pandémie, le Conseil économique et social a relevé «qu’au plan économique, les choix de politiques industrielles ont rendu le tissu productif vulnérable aux changements brusques au niveau des chaînes de valeur mondiales et des chaînes logistiques, en n’accordant que peu d’importance à l’exploitation des opportunités de substitution aux importations».
Aujourd’hui, les droits d’importation ont connu deux hausses successives: Ils sont passés à 30% en janvier et à 40% en juillet. Les augmentations ont touché de nombreux produits finis provoquant ainsi l’ire de plusieurs opérateurs.
Préférence nationale
L’heure est aussi à l’opérationnalisation des mécanismes de la préférence nationale. Ainsi, l’offre financière du concurrent étranger sera majorée selon un barème progressif: 15% pour la tranche inférieure à 100 millions de DH et 7,5% pour la tranche supérieure. Les maîtres d’ouvrages sont également tenus de faire référence, dans les cahiers des charges des marchés publics, à l’application des normes marocaines ou assimilées ainsi qu’à la limitation du recours à l’import aux seuls produits qui n’existent pas au niveau local. Le Centre marocain de conjoncture attire néanmoins l’attention sur la nécessité d’accompagner la politique «du consommer marocain» par une amélioration sensible de l’offre, tant au niveau de la qualité que de la variété et la quantité.
Khadija MASMOUDI
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