La Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) n’est pas au bout de ses peines. Depuis la découverte des premiers cas de contamination au Covid-19, elle a renforcé les mesures préventives pour immuniser la population carcérale.

C’est dans cet esprit qu’elle a mobilisé ses services centraux et régionaux pour une application stricte des dispositions prises par les autorités sanitaires et administratives. Dès les premiers jours, elle s’est concentrée sur une désinfection régulière, englobant tous les services, appliquée par des entreprises spécialisées dans le domaine. Elle a également procédé à la distribution de masques suffisants aux fonctionnaires et aux employés des sociétés chargées de la restauration des prisonniers.
Elle a surtout exigé l’obligation de les porter. De même, la Délégation a fourni des vêtements de protection spéciale pour les fonctionnaires travaillant dans les prisons, souligne un communiqué de la DGAPR, dirigée par Mohamed Salah Tamek.
En dépit des efforts déployés en matière de communication à travers la publication régulière de communiqués de presse, cette structure fait l’objet d’attaques sur les réseaux sociaux, de rumeurs et de fake news sur d’éventuelles contaminations à la Covid-19, notamment dans les prisons locale et centrale de Kénitra, ainsi que celle de Souk Larbaâ.
En fait, selon la Délégation, il s’agit de mesures d’anticipation des autorités sanitaires pour s’assurer de l’absence du virus au sein des établissements pénitentiaires. C’est pour cette raison qu'une prise d’échantillons a été réalisée parmi les fonctionnaires et les détenus de ces trois établissements pour effectuer des analyses en laboratoire, souligne un communiqué de presse.
En tout cas, la DGAPR a opté pour l’implication de l’opinion publique dans ce qu’elle entreprend en matière de lutte contre la pandémie du Covid-19. Ainsi, elle a appliqué l’état d’urgence sanitaire à l’intérieur des prisons pour les détenus comme pour les fonctionnaires.
En pratique, elle a instauré le système de travail en deux équipes dont chacune travaille pendant 2 semaines successives. Un dispositif matériel et logistique a été mis en place pour permettre à chaque équipe de rester sur les lieux de travail durant toute la période. Une commission du ministère de la Santé procède à une analyse médicale de l’équipe qui s’apprête à terminer sa quinzaine et de celle qui se prépare pour prendre le relais.

A la suite de cela, elle a empêché 137 d’intégrer les établissements de manière préventive. 93 d’entre eux ont été soumis au test du Covid-19 dont les résultats ont abouti à 3 cas infectés dans les rangs des fonctionnaires qui allaient prendre leurs services le 11 avril dernier dans la prison locale de l’Oudaya de Marrakech.
Un des fonctionnaires de cette équipe avait initialement informé l’administration de son établissement qu’il était atteint. Les fonctionnaires affectés ont été soumis au protocole de traitement thérapeutique. Les autres ont fait l’objet de confinement sanitaire chez eux. Sachant que la population carcérale à travers le Royaume est estimée à 80.000 personnes et l’effectif du personnel travaillant dans le secteur est évalué à 10.200 fonctionnaires.
■ La prison locale de Ouarzazate fait parler d’elle: Les résultats partiels reçus des laboratoires au sujet des analyses effectuées sur des détenus de la prison locale de Ouarzazate a montré que 133 ont été affectés du Covid-19 sur les 309 dont les résultats sont arrivés. L’opinion publique sera informée des résultats de l’ensemble des prisonniers et des fonctionnaires qui devaient reprendre le service, est-il indiqué.
Sachant que le résultat du directeur par intérim désigné dernièrement s’est avéré négatif. Il a remplacé le prédécesseur accusé de n’avoir pas appliqué les consignes strictes de l’état d’urgence sanitaire. En pratique, l’administration a isolé tous les détenus affectés dans une aile spéciale pour les soumettre au protocole de traitement thérapeutique par les services sanitaires spécialisés. Une commission sanitaire déléguée sur les lieux par le ministère de la Santé les suit depuis jeudi dernier.
■ Contrôle des fonctionnaires sur l’application des mesures barrières
L’Administration pénitentiaire a également délégué une commission pour veiller à l’exécution des mesures sanitaire, sécuritaire et administrative, particulièrement la répartition des missions, avec une séparation nette entre les fonctionnaires qui travaillent à l’intérieur de la prison et ceux qui sont dans les autres services de l’établissement. Il s’agit de fournir à la première catégorie suffisamment de vêtements de protection pour les prémunir ainsi que la population carcérale. Un contrôle est également prévu pour vérifier que les fonctionnaires respectent à la lettre les mesures barrières pour empêcher la propagation de la pandémie à l’intérieur de l’établissement.
■ Guérison de 2 des 4 fonctionnaires atteints: Au sujet de la prison locale de Ksar El kébir, les analyses sur les détenus ont montré un seul cas positif. Il a été soumis au protocole de traitement suivi dans l’hôpital. Les 5 autres prisonniers qui étaient proches de lui ont été placés dans un confinement sanitaire. La Délégation a signalé la guérison de 2 des 4 fonctionnaires atteints du Covid-19.
Stocks alimentaires, produits d'hygiène...
Selon la DGAPR, les prisons sont approvisionnées en stocks suffisants en produits alimentaires par les sociétés chargées de la restauration des détenus. Outre ces réserves, les plafonds d’achat de produits au niveau de l’économat ont été augmentés.
La Délégation a également doté tous les établissements d’un stock suffisant en produits d’hygiène et de désinfection pour notamment permettre aux prisonniers de laver leurs vêtements. En outre, précise la Délégation, tous les détenus bénéficient d’eau chaude pour prendre leurs douches dans les salles réservées à cet effet.
«Kits Salama»
FACE à la montée des risques de propagation de la pandémie dans les prisons, la Délégation générale à l’administration pénitentiaire a également prévu des actions pour prémunir les détenus les plus à risque. C'est ainsi que la 3e phase de l’opération Salama a été lancée, en partenariat avec le FNUAP.
Cette organisation a mis à la disposition de la Délégation des kits pour l’hygiène et la prévention du Covid-19. Ils seront distribués aux détenus en situation de vulnérabilité. Les femmes enceintes et allaitantes, ainsi que celles souffrant de maladies chroniques sont particulièrement ciblées. Des «kits institutionnels» seront également distribués au niveau de 62 établissements, dont la prison de Ouarzazate, considérée comme un foyer de contamination.
L’objectif est de «faciliter la mission des fonctionnaires, en particulier du département social et sanitaire».
M.C.
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