
Tirs groupés contre le secteur bancaire par les groupes parlementaires à la Chambre des conseillers. Pour la CGEM, «les entreprises attendent des banques qu’elles jouent pleinement leur rôle. Mais pour l’instant, ce n’est pas le cas, notamment en termes d’appui et d’accompagnement, en dépit des garanties présentées par l’Etat». C’est ce qu’a déploré Abdelilah Hifdi, chef du groupe du patronat, lors de la séance mensuelle des questions de politiques publiques, mardi dernier.
Pour lui, «cela est dû à une série de considérations liées à la gestion rigide du système bancaire durant les périodes normales. Mais cela ne peut pas justifier son approche actuelle, vu le contexte exceptionnel». Même son de cloche du côté du PAM. Pour Lhou Marbouh, conseiller PAM, «les demandes de plusieurs entreprises ont été rejetées par les banques à cause de l’absence de garanties suffisantes. Dans d’autres cas, certaines banques ont multiplié les conditions pour bénéficier du programme lancé par l’Etat». Marbouh a appelé à la tenue d’une réunion de la Commission des finances pour faire le point sur le bilan d’étape du déploiement du programme Damane Oxygène.
D’autres critiques ont été également adressées au secteur bancaire, notamment des conseillers de l’Istiqlal et de l’USFP. Rahal Makkaoui, membre du groupe parlementaire du parti de la balance, a déploré «le manque d’implication des établissements bancaires dans ces efforts» et a critiqué «la persistance d’un système centralisé de prise de décision au niveau de ce secteur». Face à ces attaques, Saâdeddine El Othmani a rassuré quant à «l’implication du secteur bancaire dans l’accompagnement des entreprises, en dépit de certaines difficultés, examinées au cas par cas».
Le chef du gouvernement a été également interpellé sur les scénarios de sortie de cette crise sanitaire. Surtout que «les indicateurs macroéconomiques sont alarmants, dans la mesure où on se dirige vers un déficit de 7%, une croissance de -3%, un taux de chômage de plus de 10%, avec un risque de faillites d’entreprises en cascade», selon Makkaoui. Le conseiller istiqlalien a insisté sur l’urgence de se pencher sur l’élaboration d’un plan économique et social pour la sortie de cette crise.
«La mise en place d’une loi de finances rectificative est également une urgence, dans la mesure où les hypothèses du budget actuel sont dépassées». Pour le chef du gouvernement, «il est encore tôt de parler de loi de finances rectificative. Surtout qu’il n’y aucun moyen pour déterminer avec précision les répercussions économiques de cette crise sanitaire». El Othmani a estimé qu’il faudra attendre 2 à 3 mois avant de se pencher sur cette question.
De son côté, le chef du groupe parlementaire de la CGEM a mis l’accent sur le besoin de nouvelles mesures en faveur des entreprises. Si les décisions prises par la Commission de veille économique ont constitué «une bouffée d’oxygène pour les entreprises leur permettant d’assurer leur survie», d’autres actions sont nécessaires, selon Hifdi.
Par exemple, «les efforts d’accompagnement ne devaient pas se limiter aux entreprises en arrêt d’activité, mais couvrir également ceux qui continuent de travailler». Pour lui, «les entreprises attendent également une 2e phase de mesures plus courageuses, notamment en accordant aux entreprises des aides financières directes, des exonérations, des crédits sans intérêt, afin de favoriser la préservation des postes d’emploi».
Stratégie de déconfinement
Pour Saâdeddine El Othmani, la mise en place de l’état d’urgence sanitaire et du confinement obligatoire a permis au Maroc d’éviter 60.000 cas de contamination et près de 4.000 décès. Après la prolongation de l’état d’urgence, le chef du gouvernement a été interpellé sur les modalités de déconfinement. Il a affirmé que «rien n’a été encore tranché sur cette question». El Othmani a précisé que «le déconfinement devra se baser sur une stratégie bien ficelée. Les scénarios possibles sont actuellement en examen par le comité de pilotage et d’autres commissions d’appui». Ce qui est sûr, c’est que «la sortie de l’état d’urgence sanitaire se fera de façon progressive, peut-être avec des rythmes différents en fonction de la situation au niveau régional et provincial».
M.A.M.
Chère lectrice, cher lecteur,
L'article auquel vous tentez d'accéder est réservé à la communauté des grands lecteurs de L'Economiste. Nous vous invitons à vous connecter à l'aide de vos identifiants pour le consulter.
Si vous n'avez pas encore de compte, vous pouvez souscrire à L'Abonnement afin d'accéder à l'intégralité de notre contenu et de profiter de nombreux autres avantages.