
Le cri d’alarme lancé depuis peu par la CGEM sur l’informel mérite largement d’être entendu. Gageons que les candidats à la course à la présidence du groupement d’entreprises y trouveront matière à programme.
Le poids de cette économie souterraine, plus de 20 % du PIB non agricole n’est pas l’unique chiffre qui claque dans la riche radioscopie fournie. Retour du boomerang, certains scores peuvent faire rougir de honte les habitués du palmarès. Comme pour le textile/cuir qui continue de s’étonner de sa compétitivité fébrile quand l’informel y est estimé à 54%!
La taille du secteur informel explique en grande partie pourquoi la productivité marocaine est si faible: les petites unités ont du mal à se financer, à se développer ou à innover. Dans ce qui remonte du terrain, certains indices convergent vers des formes d’informel tout aussi indéfendables.
Celles de contribuables, personnes physiques et morales, identifiées, mais qui se dérobent à leurs obligations fiscales, voire sous-déclarent. L’informel peut donc trouver un terreau fertile dans le formel!
C’est encore une fois le gouvernement qui est interpellé sur sa capacité à sortir de ses frontières actuelles cette population en négociant le bon dosage. La réponse est simple et complexe à la fois. S’il ne s’agit pas d’inverser les priorités, il ne s’agit pas non plus de porter un coup d’estocade à une production de richesse dont on peut saluer au passage «l’esprit d’entreprise».
Ni d’ignorer les vertus du bricolage et de l’improvisation comme facteurs de résilience, une manne que la théorie des organisations a décrite assez tôt depuis les travaux de Claudio Ciborra ou Karl Weick. Il ne faut pas se faire d’illusion.
Le politique sera toujours tenté de faire des lectures autres qu’économiques. Celles d’un système qui permet à beaucoup de survivre ou de garder une certaine dignité.