Qui sont les gagnants de la crise
Il n’est pas certain que toutes les victimes de la pandémie rouvrent lorsque l’économie va redémarrer. Certains secteurs vont connaître une nouvelle dynamique. D’autres passeront le cap plus rapidement tandis qu’un certain nombre d’activités vont mettre plus de temps à entrevoir le bout du tunnel. Attijari Global Research livre son analyse sur les secteurs cotés (Source : AGR)
- Télécommunications, agroalimentaire, grande distribution
- La reprise pourrait prendre plus de temps dans la distribution automobile et de produits pétroliers
- Les projections d'Attijari Global Research
Les prévisions de croissance varient dans une fourchette de -3,7% à 2,3%. Mais, les dernières actualisations, notamment du Centre Marocain de Conjoncture, se rapprochent beaucoup plus de la tranche basse. Toutefois, cet écart entre les deux extrémités révèle les difficultés à établir des prévisions dans le contexte actuel, les hypothèses de base évoluant rapidement. L’horizon de sortie de crise demeure toujours aussi incertain tant qu’un traitement efficace contre le Coronavirus n’aura pas été trouvé, en attendant un vaccin dans plusieurs mois. «Dans un contexte où le monde s’oriente vers des périodes de confinement plus longues que prévu et tenant compte des plans de relance très évolutifs des gouvernements, tout scénario de croissance économique pourrait paraître arbitraire actuellement », concèdent les analystes d'Attijari Global Research. Dans un sondage réalisé auprès des 35 investisseurs les plus influents du marché financier, aucun consensus ne se dégage sur le scénario de sortie de crise, c’est-à-dire un début de retour à la normale. 1/3 du panel prévoit un début de sortie de crise à la fin du troisième trimestre et 14% en fin d’année. Par ailleurs, 11% des investisseurs sondés prévoit une reprise en 2021. Néanmoins, 25% espèrent une sortie de crise d’ici fin juin.
Des tentatives de déconfinement se dessinent dans certains pays européens pour relancer les économies. Chaque pays à sa stratégie mais, pour le Maroc ces expériences en plus de celles des pays asiatiques seront de bons benchmarks pour préparer la relance. Sachant que la reprise ne sera pas linéaire et homogène et qu’il y aura des hauts et des bas.
S’il est difficile de fiabiliser les prévisions macroéconomiques aujourd’hui en raison des nombreuses incertitudes, il est en revanche possible de définir les trajectoires de croissance pour certains secteurs. Les mesures de confinement pour endiguer la propagation du coronavirus ont conduit des milliers de commerces et d’entreprises à baisser le rideau. Selon le HCP, 142.000 entreprises auront arrêté temporairement ou définitivement leurs activités début avril. Le secteur souffrant le plus de la crise est l’hôtellerie et la restauration avec 9 entreprises sur 10 à l’arrêt. Plus de 70% des entreprises opérant dans le textile et cuir et dans l’industrie métallique et mécanique ont baissé le rideau. Les entreprises qui ont maintenu leurs activités (elles représentent 43% de la population des entreprises), tournent au ralenti puisque la majorité a dû réduire la voilure de plus de 50%.
Lorsque l’économie va redémarrer, il n’est pas certain que toutes les victimes de la pandémie se relèvent. Mais certains secteurs vont connaître une nouvelle dynamique et d’autres passeront le cap plus rapidement tandis qu’un certain nombre d’activités vont mettre plus de temps à entrevoir le bout du tunnel. «Le caractère inédit de la crise sanitaire actuelle devrait certainement avoir des répercussions majeures à la fois sur les priorités des gouvernements et sur le business modèle de plusieurs secteurs d’activité. Par conséquent, il nous semble plus intéressant pour les investisseurs de se projeter post-crise afin de miser sur les secteurs qui en sortiraient gagnants », conseille Attijari Global Research notamment dans la perspective d’un investissement en Bourse.
Les résultats du premier trimestre de Maroc Telecom ne donnent pas de réelles indications sur l’impact de la pandémie mais, le secteur télécoms sera l’un des principaux bénéficiaires de la crise. La consommation de la Data devrait exploser durant la période de confinement. Plus globalement, cette crise est de mesure à accélérer la digitalisation de l’économie. Le profil de croissance des segments de la fibre optique et de l’ADSL sera très probablement revu à la hausse post-crise, estiment les analystes. «Les investissements importants entrepris par le secteur lui permettraient d’accompagner cette nouvelle dynamique sans pour autant saturer ses capacités ». L’Agroalimentaire et la Grande distribution font partie des secteurs qui devraient connaître aussi une nouvelle dynamique à la sortie de la crise. «La grande distribution dispose d’une opportunité unique pour rehausser le taux de pénétration ». Par contre, les cimentiers sont tributaires de la reprise d’autres secteurs comme l’immobilier ou encore le BTP. Attijari Global Research table sur une chute de 20% de la consommation de ciment cette année. Toutefois, le redémarrage de l’économie devrait permettre un effet de rattrapage rapide de la consommation du ciment grâce principalement à l’accélération de l’auto-construction et des chantiers d’infrastructure. Parmi les secteurs qui auront du mal à se relancer figure la distribution automobile. L’augmentation des faillites d’entreprises et du taux de chômage suite à la crise vont pousser les ménages à temporiser l’achat des biens durables. Un retour à la normal pour ce secteur est projeté pour le deuxième trimestre 2021. Par ailleurs, la reprise devrait s’opérer par palier pour les distributeurs de produits pétroliers durement touchés par le confinement et l’arrêt d’activité des compagnies aériennes.
F.Fa