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Généralisation de la protection sociale : Un projet ambitieux

Par L'Economiste| Le 10/03/2021 - 20:04 | Partager
Généralisation de la protection sociale : Un projet ambitieux

Marwane El Bouzdaini, Diplôme de l’UIR-Auditeur Senior

Lors d’un rare entretien accordé à l’AFP en 2019, à l’occasion du 20ème anniversaire de l’intronisation de SM le Roi Mohammed VI, le conseiller du Souverain, M. Omar Azziman avait reconnu ceci : « Les bienfaits du développement réalisé pendant ces 20 années n’ont pas bénéficié à tout le monde. Nous avons un mécontentement, nous n’arrivons pas à trouver des emplois pour nos jeunes, nous avons des régions trop déshéritées…. Les Marocains peuvent être fiers du parcours accompli mais on n’est pas insensible aux imperfections, aux carences et aux dysfonctionnements. Pour continuer à avancer, nous avons besoin de cohésion sociale, c’est crucial… »

Pourtant, des efforts considérables en matière de développement humain ont été instigués par le Souverain depuis son accession au trône. Chose qui lui avait d’ailleurs value à ses premières années de règne le titre de « Roi des pauvres ».

À cet égard, l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) avait été considérée comme une aubaine pour une tranche massive de la population qui y a vu une opportunité de progrès socio-économique. Le discours ayant marqué le lancement, le 18 mai 2005, de l’INDH avait ainsi mis l’accent sur le “projet sociétal” porté par le chef de l’État, “modèle bâti sur les principes de démocratie politique, d'efficacité économique, de cohésion sociale et de travail, mais aussi sur la possibilité donnée à tout un chacun de s'épanouir en déployant pleinement ses potentialités et ses aptitudes”. Ce vaste chantier de règne a, concrètement, renforcé les actions de l’Etat essentiellement dans les activités génératrices de revenus. Il a également permis le développement du capital humain et l’appui aux catégories en situation difficile et précaire.

Selon un article publié par la Banque mondiale en 2013, l’INDH a constitué un instrument crucial pour l’Etat marocain afin d’endiguer la précarité et d’offrir aux populations pauvres et vulnérables un modèle de développement garantissant l’équité et la justice sociale. D’ailleurs, cette initiative royale a été reconduite pour une deuxième et une troisième phases en vue d’insuffler de nouvelles mesures économiques et sociales pour lutter contre la précarité en accordant notamment la priorité aux jeunes.

Néanmoins, le rapport 2019 du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), faisait figurer le Maroc au 121ème rang parmi 189 pays dans son Indice de développement humain (IDH). Même si selon le même document, l’IDH du Royaume a évolué de 47,7 % en passant de 0.458 à 0.676 entre 1990 et 2018.

Last but not least, la crise sanitaire de la Covid-19 a mis en exergue les défaillances de notre système de protection sociale .Ces défaillances ont particulièrement touché de nombreux travailleurs de l’informel, qui bon an, mal an, concentre près de deux tiers de la population active marocaine. Certes, la réponse de l’Etat fût instantanée; en effet, des mesures strictes ainsi que des efforts d’aides financières directes ont permis d’atténuer les effets de la crise. Le Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du nouveau coronavirus (covid-19), initié par le Souverain, avait notamment été créé afin de supporter les dépenses de mise à niveau du dispositif médical, soutenir l'économie nationale, préserver les emplois et atténuer les répercussions sociales de la crise sanitaire.  

Ceci dit, « l’interventionnisme » de l’Etat par le biais du soutien direct reste une solution conjoncturelle qui ne peut être reconduite indéfiniment. En effet, l’assistanat demeure une politique d’aide sociale qui pèse lourdement sur les dépenses publiques.

Dans ce cadre, SM le Roi dans son Discours du 29 Juillet 2020, a amorcé la nouvelle architecture du plan de protection sociale notamment via son appel à la généralisation de l’assurance maladie obligatoire (AMO) et des allocations familiales. Pour ce faire, une refonte du système actuel est nécessaire afin de rendre opérationnel le registre social unifié (RSU) qui permettra de garantir l’efficacité et l’efficience de l’action de l’Etat. La restructuration de notre système de protection sociale est un vaste chantier de règne qui a été amorcé pour pallier les anomalies qui gangrènent notre appareil de couverture sociale.

L’année 2021 sera une année foncièrement électorale. Les projets royaux afin de pérenniser la paix sociale sont ambitieux et nécessiteront des responsables politiques avertis et à la hauteur des tâches de la nation. Ainsi les mesures de politique générale devront permettre, au cours du prochain quinquennat, tout autant la relance économique que des mesures de protection éminemment sociales.

Marwane El Bouzdaini

Diplôme de l’UIR, Auditeur Senior