
Ala faveur des discussions autour de l’Aleca, un débat sous-jacent semble pointer encore une fois, celui de la préférence nationale. Il est fortement souhaitable que le Maroc soit vigilant sur les termes qu’il tente de négocier pour ce type d’accord, dont les bienfaits pour l’économie locale sont parfois assez surestimés. On le voit bien sous le prisme des négociations bilatérales et multilatérales qui promettent, sans résultat pour l’heure, un rééquilibrage de la structure des échanges. Mais au-delà des concessions à obtenir, ce qui se joue c’est la capacité de l’économie marocaine à s’adapter un peu plus à la concurrence. Il ne faut pas que les impératifs d’accompagnement du tissu local obnubilent les exigences de gains de compétitivité qui doivent rester le leitmotiv.
Maintenir la pression de la concurrence et de l’ouverture peut certes condamner les maillons faibles mais peut aussi permettre aux petites entreprises de grandir. Il faut surtout aider les entreprises marocaines à y faire face, pas les en priver. Ce débat ne peut pas être étouffé même si la tentation du repli est récurrente. Au même motif de protection du tissu industriel, imaginons qu’on demande à nos banques de fermer les yeux sur les créances des canards boiteux, d’aller au-delà du rééchelonnement des dettes, en faisant fi des exigences des ratios prudentiels ou de surveillance du risque. Exiger des conditions équitables d’accès aux marchés internationaux, sauver les entreprises, recapitaliser celles qui le méritent… oui.
En revanche, le gouvernement ne peut pas obliger les consommateurs à acheter des biscuits marocains plutôt que turcs ou belges, comme il ne peut accepter que le Maroc doive une partie de sa prospérité aux exportations de l’OCP, mais interdise l’accès à son marché aux fournisseurs étrangers. Il faut dissiper donc ces illusions.
Mohamed Benabid