
Rien n’arrête les violences sur le terrain. Le régime est conscient que la tenue des élections va même accélérer le rythme des tirs d’obus sur Damas, et promet un dispositif de sécurité en bonne et due forme pour éviter que les rebelles ne sabotent cet évènement
Après la mode des «révolutions», le monde arabe s’est fait une nouvelle spécialité: les élections bidon qui ressemblent à des pièces de théâtre. En quelques jours à peine, l’Algérie a offert son quatrième mandat à Bouteflika, l’Egypte a mis le maréchal Al-Sissi sur les rails, et voici que la Syrie annonce aussi ses présidentielles pour le 3 juin. Profitant de l’affaiblissement de l’opposition, Bachar el-Assad veut se redonner une certaine «légitimité».
Le dépôt des candidatures a été ouvert hier, mardi 22 avril, et sera clos le 1er mai. Les Syriens de l’étranger auront jusqu’au 28 mai pour voter, alors que la présidentielle se tiendra le 3 juin dans le pays.
Il aura fallu plus de 150.000 morts dans cette guerre pour que la Syrie change un tant soit peu son mode de scrutin. Jusque-là, Bachar el-Assad était élu par référendum (tout comme son père Hafez). Le premier referendum l’a propulsé à la tête de l’Etat en 2000, avec 97,29% des voix, et le deuxième, en 2007, avec 97,62%. La nouvelle Constitution (2012) prévoit enfin la possibilité d’un réel choix, entre plusieurs candidats. Pour autant, les conditions préalables à la candidature ont été savamment tournées pour bloquer l’accès à tout opposant. Les clauses approuvées le 14 mars par le Parlement prévoient que le futur président doit avoir vécu les 10 dernières années en Syrie, sans discontinuité. Un chapitre qui ferme la voie devant les opposants exilés. Ensuite, il doit obtenir le soutien de 35 des 250 députés. En sachant que le Parlement est totalement acquis au pouvoir, cette condition bloque l’accès à toute personne externe au système. Les spécialistes estiment que Bachar el-Assad n’aura aucun mal à organiser les élections, vu que 60 à 70% de la population syrienne se trouvent dans les territoires contrôlés par le gouvernement. Les rebelles n’ont sous leur houlette que 20 à 30% de la population, tandis que 10% des Syriens sont réfugiés à l’étranger.
Tout tend à croire qu’un ou deux «candidats sur commande» feront de la figuration pour donner à ces élections un semblant de pluralité, afin de consacrer au mieux «une victoire écrasante et démocratique» de Bachar el-Assad.
D’ailleurs, le déroulement de ces élections est tellement clair que les Etats-Unis y ont déjà réagi. Jay Carney, porte-parole de la Maison-Blanche, a tout bonnement déclaré qu’«un plébiscite présidentiel, puisque c’est de cela qu’il s’agirait, serait une parodie de démocratie et n’aurait aucune crédibilité ou légitimité à l’intérieur comme à l’extérieur de la Syrie».
Encore des armes chimiques?
Semblant se rappeler soudainement de l’existence de la Syrie, ce pays que l’on regarde avec dépit sans vouloir se salir les mains pour autant, Washington et Paris se sont réveillés pour annoncer qu’ils étaient en possession d’éléments indiquant l’utilisation de produits chimiques toxiques à Kafarzita, un bastion rebelle de la province de Hama. Pour rappel, le régime a évacué ou détruit près de 80% de son arsenal chimique en vertu d’un accord russo-américain qui lui a permis d’éviter des frappes militaires américaines.
Rime AIT EL HAJ
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