En construisant leurs budgets pour 2020, les entreprises ne pouvaient prévoir une dégradation aussi violente et brutale de l’environnement économique quelques mois plus tard. La pandémie du coronavirus, qui a mis à l’arrêt l’économie mondiale, a laissé des traces dans tous les secteurs d’activité. Dans cette conjoncture exceptionnelle, certaines entreprises sont résilientes. C’est le cas de l’OCP. Le groupe a dégagé un bénéfice proforma de 1,7 milliard de DH au 1er semestre contre 2 milliards de DH une année plus tôt. En tenant compte du don de 3 milliards de DH au Fonds de gestion de la pandémie, il affiche une perte de 659 millions de DH.

Les choses auraient pu mal tourner avec l’annonce du premier cas de coronavirus au Maroc début mars et le confinement décrété quelques jours plus tard. «Nous avons craint une éventuelle fermeture ou tout autre impact sur notre niveau de production, comme cela a été le cas dans d’autres régions du monde, notamment la Chine», relève un dirigeant de l’OCP. Toutefois, très rapidement le groupe a mis en place une organisation proactive pour assurer la sécurité de ses collaborateurs et pour continuer à produire et servir ses clients. Surtout que la demande s’est maintenue dans la plupart des régions à l’exception de l’Inde et des Etats-Unis qui détenaient en début d’année des stocks élevés. Le groupe a exporté 1,6 million de tonnes d’engrais de plus qu’au premier semestre 2019. Les exportations de Roche, elles aussi, se sont inscrites en hausse.
La flexibilité industrielle a permis de compenser les perturbations au niveau des ventes d’Acide. L’orientation des prix est moins favorable qu’au premier semestre 2019. En revanche, il y a des éléments positifs qui devraient soutenir la reprise observée à partir du deuxième semestre 2019. Le prix moyen du DAP est en baisse de 20% par rapport au 1er semestre 2019, mais marque une hausse de 12% comparé à la fin de l’année 2019. Les exportations chinoises qui étaient en partie à l’origine de la baisse des prix ces dernières années sont en recul. Wuhan, d’où est partie l’épidémie du coronavirus est une région phosphatière et les mesures pour lutter contre la propagation du virus ont affecté la production chinoise.
A cela s’ajoute une demande locale assez soutenue, estiment les professionnels. Près de la Chine, les stocks seraient au plus bas en Inde tout comme aux Etats-Unis, ce qui pourrait renforcer la demande au cours des prochains mois. «Nous sommes confiants sur la poursuite de la reprise des prix dans les prochains mois et même en 2021», note le management.
A fin juin, l’OCP a réalisé un chiffre d’affaires de 27,4 milliards de DH, stable par rapport à la même période l’année dernière. Les charges se sont inscrites en baisse en raison d’une part des effets collatéraux du confinement et d’autre part d’un effort important de pilotage de la performance. Le groupe a ouvert plusieurs chantiers de pilotage de sa performance afin de limiter les effets négatifs générés par la pandémie. Il prévoit que l’impact de ces mesures, qui se poursuivront post-pandémie, se verra dès les résultats de l’année 2020.
Par ailleurs, la fermeture des frontières du Royaume ainsi que d’autres régions du monde se traduit, par exemple, par une baisse des frais de déplacement. Au final, l’Ebitda s’est maintenue à 8,5 milliards de DH, laissant ressortir une marge d’Ebitda confortable de 31%, stable par rapport à l’année passée, malgré des conditions de marchés dégradées entre le premier semestre 2019 et le premier semestre 2020.
Si le groupe a plutôt bien négocié le premier semestre, il reste prudent, la situation sanitaire étant toujours délicate. Du fait du contexte de pandémie mondiale, «l’environnement économique actuel demeure incertain et le groupe reste vigilant en s’appuyant sur ses projets de pilotage de performance, ce qui lui permet de monitorer les risques de façon continue. Toutefois, et malgré la pandémie qui perdure, les perspectives pour l’année 2020 restent favorables». Ainsi, sous réserve d’absence d’impacts significatifs à venir de la pandémie, l’année 2020 présente des projections positives et bien meilleures attendues pour la fin de l’exercice, assure le management.
L’Afrique prend du poids dans le portefeuille
Le groupe minier s’attache à la diversité de son portefeuille histoire de limiter son exposition aux aléas conjoncturels qui peuvent survenir dans une partie du monde. Ces dernières années, l’OCP a massivement investi en Afrique pour accompagner la croissance du marché. Au premier semestre, la Côte d’Ivoire et l’Ethiopie ont été les principaux moteurs de la demande en provenance de cette région. Sensibles à la sécurité alimentaire, les gouvernements ont accéléré les importations en prévision des impacts potentiels des mesures de confinement sur les canaux d’approvisionnement. Aujourd’hui le marché africain pèse pour 24% dans le chiffre d’affaires engrais du groupe minier contre à peine 10% il y a quelques années. Le reste est ventilé entre l’Amérique du Sud (33%), l’Europe (15%), l’Amérique du Nord (15%) et l’Asie (13%).
F.Fa
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