
Décidément, le taux de réussite au baccalauréat va de record en record. Au fil des dix dernières années, il n’a cessé de grimper. Moins de 45% des candidats arrivaient à décrocher leur diplôme en 2008 (voir illustrations). Aujourd’hui, presque 8 sur dix y parviennent, et plus de la moitié avec mention. Le chiffre est, certes, encourageant, mais il est aussi surprenant. Et pour cause!
Ce sont les candidats de cette année qui ont été évalués par le Conseil supérieur de l’éducation en 2016, quand ils étaient à la première année du lycée. Les résultats de l’enquête (PNEA 2016) avaient révélé un niveau en dessous de la moyenne, avec des scores allant de 32 à 45 sur 100, selon les filières, public et privé confondus, en arabe, français et maths. Ces bacheliers font aussi partie de cette génération évaluée par les enquêtes internationales TIMSS (en maths et sciences) et PIRLS (en lecture et compréhension) en 2011 et 2015, quand ils étaient au primaire et au collège, et qui avaient révélé des acquis et compétences bien médiocres.
Les résultats du bac sont d’autant plus surprenants, dans une année scolaire perturbée par plusieurs semaines de grève des enseignants. Pour le ministère de l’Education nationale, il s’agit là «du résultat d’une mobilisation générale des élèves, parents et enseignants», qui se sont investis pour rattraper les retards pris. L’on assure, également, que le degré de difficulté des examens a été maintenu.
Le «gonflage» des notes du contrôle continu, qui compte pour 25% dans la moyenne finale, pourrait aussi expliquer en partie ces résultats. L’écart entre les notes de l’examen du bac et celles du contrôle continu est de 4 à 5 points. Un écart trop important, de l’aveu même du ministère.

Cette année encore, ce sont les élèves du parcours international du bac qui ont le plus brillé, avec un taux de réussite de 97,5%, en quasi stagnation par rapport à l’an dernier. Pour leur part, leurs camarades du bac pro ont été 59,5% à obtenir le précieux sésame, contre 52% un an plus tôt. Du côté des candidats libres, le taux est de 41,1% (37,5% en 2018).
Quelque 253.808 bacheliers scolarisés et 25.877 libres ont ainsi passé avec succès les épreuves, soit un total de 279.685. L’enseignement supérieur est-il prêt pour accueillir un tel effectif? Le chiffre fait déjà trembler certains établissements, notamment les facs de droit, principale destination des nouveaux bacheliers. Ces facultés à accès ouvert sont déjà surpeuplées. De 2011 à aujourd’hui, le nombre de leurs étudiants a doublé, avec une moyenne de 25.000 inscrits, alors que leur capacité est de 10.000 à 15.000 places. Celle de Casablanca-Aïn Chock, passera de 25.000 à 30.000 à la prochaine rentrée. Son taux d’encadrement ne cesse de se dégrader, avec un enseignant pour 200 étudiants, alors que la norme est de 1 pour 60.
Les établissements à accès régulé (écoles d’ingénieurs, facultés de médecine, FST, ENSA…), quant à eux, ont déjà augmenté leur capacité d’accueil de près de 50% sur les trois dernières années. Il sera difficile pour eux de fournir un effort supplémentaire sans porter atteinte à la qualité de leur offre de formation. Elles accueillent seulement 12,8% des étudiants des universités publiques. Avec des moyennes au bac de plus en plus élevées, ces écoles et facultés deviennent encore plus difficiles d’accès.
Les étudiants peuvent aussi se tourner vers une offre privée désormais plus riche et de meilleure qualité. A condition, toutefois, de pouvoir s’acquitter de leurs frais souvent très élevés (jusqu’à 130.000 pour les facs de médecine payantes). Ou encore, s’orienter vers la formation professionnelle. A lui seul, l’OFPPT propose plus de 592.000 places pédagogiques (près des 2/3 pour les diplômes de technicien et technicien spécialisé).
Le plus grand challenge sera celui de trouver, plus tard, une place sur le marché du travail pour ces jeunes, avec une croissance faible en potentiel d’emploi.
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