Page 24 - Dossier Mohammedia
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ans de fidélité
Dossier MohaMMeDia
Hôtellerie: Le Miramar sacrifié, le Sphinx nargue le temps
Mohammedia, station balnéaire – pour proposer une offre hôtelière viennent s’y produire ou de jeunes l’architecture sobre et épurée a été
et nouveau pôle industriel, n’a pas qui mêle luxe et raffinement sur une peintres y exposer leurs premières immortalisée par les dessins de
toujours été qu’une petite ville surface totale de 4.000 m2. Piscine toiles à l’intérieur du restaurant-bras- l’architecte Jacques De Loustal qui
tranquille. Son histoire est nourrie extérieure, restaurant, spa et disco- serie, très prisé de la jeune intelligent- a longtemps vécu au Maroc. Au-
d’un passé colonial riche notam- thèque entourent les 17 chambres sia artistique de la ville. Une nouvelle jourd’hui démoli, le fastueux hôtel
ment porté par deux hauts-lieux (dont certaines avec un coin salon) vie pour le Sphinx… Miramar qui régnait en maître avec
du patrimoine architectural art et donnent le ton de cette grande ses jardins, ses palmiers, son golf et
déco. Deux institutions hôtelières bâtisse qui a gardé par endroits son n Massacre du patrimoine Art son légendaire casino en boiseries,
de renom, le Sphinx qui a rouvert charme art déco d’antan. Influen- Déco n’est plus qu’un souvenir. Alors que
ses portes au public en 2016 et le ceurs et acteurs marocains viennent
Autre institution de Mohammedia les deux joyaux du patrimoine archi-
Miramar actuellement en démoli- souvent s’y détendre. On peut aussi y et fleuron de la station balnéaire, le tectural national faisaient partie inté-
tion. Deux emblèmes touristiques croiser quelques jeunes musiciens qui Miramar Hôtel et son casino dont grante de Mohammedia, symbolisant
de Mohammedia chargés d’his-
toire et de souvenirs.
n Le phénix
Rares sont les petites villes du Ma-
roc dont les établissements regorgent
d’autant d’anecdotes et de souvenirs.
Le Sphinx qui a retrouvé son panache
en 2016 avec une réouverture digne
de ce nom, est de ceux-là. Mythique
parce qu’il fut le témoin de toutes
les soirées mondaines à l’époque du
protectorat, le Sphinx n’était pourtant
rien de plus qu’une maison close au
début du XXe siècle. Un des plus cé-
lèbres temple de la luxure d’Afrique
du Nord pour les colons et les soldats
en permission qui venaient s’y dis-
traire en temps de guerre. Il faudra
attendre les années 1940 pour que le
lupanar se métamorphose véritable-
ment en hôtel et lieu de vie préféré
de personnalités politiques, artistes
et intellectuels. Parmi elles, Jacques
Brel qui aimait tant l’endroit qu’il en
évoquera la gérante Madame Andrée
dans sa fameuse chanson «Jef». Dans
les salons feutrés du Sphinx, l’on
pouvait également croiser Édith Piaf,
La Callas, Marcel Cerdan ou Simone
de Beauvoir. Pétri d’une histoire peu
commune, le Sphinx dont le réamé-
nagement intégral aura coûté 20 mil-
lions de DH a rouvert ses portes en
grande pompe en 2016 – alors qu’il
était fermé depuis les années 1970 Au grand dam des habitants de Mohammedia et de plusieurs associations de défense du patrimoine, le flamboyant hôtel Miramar a été
rasé sous le regard impavide des autorités, pour être remplacé par un centre commercial (Ph. L’Economiste)
Vendredi 18 Février 2022