Page 23 - Dossier Mohammedia
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Dossier Mohammedia
ans de fidélité
Il était une fois Fedala
L’Hôtel Miramar, fleuron de l’architecture et adresse incontournable de la ville a été récem- La ville qualifiée autrefois de cité jardin, garde encore quelques atouts comme les larges ave-
ment détruit au grand dam des amoureux du patrimoine (Ph. DR) nues fleuries qui la traversent (Ph. DR)
n La ville est dotée d’un port plage de sable blond du même
dès le XIVe siècle nom, la ville a été bâtie comme
une station balnéaire, traversée
par de larges avenues fleuries.
n Une cité jardin où il fait bon Casino (aujourd'hui également
vivre détruit), club nautique créé en
1946, marina, champs de courses
ENTRE la cité jardin des hippiques, terrains de golf, clubs
années 70/80, et la cité dortoir de tennis restaurants internatio-
en banlieue de Casablanca au- naux et luxueux hôtels, faisaient
jourd’hui, qu’est-il advenu de la de la ville un endroit de villégia-
ville de Mohammedia? Ville des ture par excellence. La ville dont
fleurs, des sports élégants, et des les origines dépassent de très loin 1962, la Samir a été conçu pour traiter 1.250.000 tonnes par an de brut. La raffinerie est reliée au
plages au sable fin, la ville est au- l’époque coloniale, est dotée d’un port par un pipe-line moderne au port pétrolier de Mohammedia, dans la plus grande zone indus-
jourd’hui envahie par le béton et port très ancien où pêcheurs et trielle des carburants au Maroc (Ph. DR)
évoque plus les pics de pollution marchands espagnols, génois et petite ville va prendre une tout sea-line destiné à la réception des
atmosphérique fréquents que les vénitiens commerçaient dès les autre envergure avec l’arrivée produits raffinés à partir de tan-
échappées belles, d’un âge d’or XIVe et XVe siècles. Ce même de l’ingénieur et entrepreneur kers de 50.000 TPL amarrés dans
dont les anciens se souviennent port servait surtout de refuge Georges Hersent, invité par Lyau- le port. Avec cet équipement, le
encore. Il faut dire que l’ancienne momentané aux légers bâtiments tey. Fondateur et exploitant, entre
Fedala a tous les atouts de son des corsaires de Salé dans les port devenait le premier port pé-
côté pour en faire l’une des villes courses auxquelles ils se livraient autre, des ports de Rosario en Ar- trolier d’Afrique et la ville adopte
les plus agréables à vivre. La cité dans les eaux de l'Atlantique. La gentine, de celui de Fuerteven- définitivement le nom de Moham-
compte des kilomètres de sable ville atteindra son apogée lorsque tura (Iles Canaries) et de Dakar au media en hommage au Roi Mo-
étendus sur la côte atlantique in- le Sultan Sidi Mohammed Ben Sénégal, il fonde la «Compagnie hammed V. L’activité du port a vu
vitant à la détente. Des plages des Abdallah y construisit une casbah franco-marocaine de Fedhala» son trafic fortement haussé avec
Sablettes, Manesman, Monica, ou en 1773, dont les murailles abri- qui obtient en 1913 la concession l’activité d’import de pétrole brut
encore Paloma à l’hôtel Miramar, taient des entrepôts céréaliers de d'un port pour 60 ans. La société et consacre la nouvelle vocation
palace au charme désuet récem- la région de Tamesma. Il édifia aménage le port et la ville nou-
ment détruit, encadré de palmiers également la mosquée blanche velle qui prend corps en 1925. industrielle de la ville.o
et de filaos attenant à une belle «Al-Atik». C’est en 1912 que la En 1952 fut construit le premier A.Bo
Le débarquement
LE 8 novembre 1942, lors du ses plages, prendre le port, et pro- un combat naval désastreux, où elle le port, la France coloniale déploie
débarquement des Alliés en Afrique gresser sur la route des Zénatas, est entièrement coulée ou détruite les grands moyens, à travers notam-
du Nord pendant la Seconde guerre réussissant à atteindre après de vio- par la puissante armada de l’amiral ment le cuirassé Jean Bart, fierté
mondiale, les plages de Fedala, lents combats près de l’aérodrome Hewitt. A Casablanca, la bataille, de la marine française. Ce n’est
Mannesmann, et Pont Blondin, de Tit Melil, les Roches Noires, essentiellement navale, fera rage qu’après trois jours de combat et
sont les sites «Red» et «Blue» du aux portes de Casablanca, le 11 durant trois jours. Dès 6 heures du des pertes humaines et matérielles
débarquement des forces terrestres novembre. Un débarquement qui matin du 8 novembre, des avions importantes que les généraux fran-
américaines (groupe central) diri- ne se fera pas sans heurts. En effet militaires français commencent l’at- çais décideront enfin de se rendre.
gées par le général Patton. En une le général Noguès, résident géné- taque contre les forces américaines Le cessez-le-feu ordonné par les au-
journée, 8.000 hommes de cette ral au Maroc, vichyste, refuse de au port de Casablanca et celui de torités à Alger depuis le 8 novembre
armée (qui en compte 19.000) se rendre et tire sur la flotte amé- Fedala. Les américains posteront entrera en vigueur le 11 à Casablan-
avec ses blindés, son artillerie et ricaine comme l’amiral Michelier, d’abord les croiseurs Massachu- ca, mettant fin à trois jours de com-
son matériel vont débarquer sur qui engage l’escadre française dans setts, Tuscaloosa et Wichita devant bats acharnés et meurtriers.o
Vendredi 18 Février 2022