
Le gouvernement d’Abdelillah Benkirane promet de mettre de la cohérence dans les actions sociales.
En effet, si l’INDH bénéficie d’une bonne visibilité, grâce à l’implication royale et à ses caractéristiques innovatrices, en revanche, le reste est une sorte de mille-feuille historique où le sac de farine voisine avec la carte Ramed, alors qu’il manque des internats de filles et que le ministère de la Santé publique est si mal organisé qu’il n’arrive même pas à consommer son budget.
On n’étonnera personne en soulignant que l’aspect le plus difficile va être de mettre de l’ordre et de la pérennité dans les retraites.
Ce ne sont certes pas des enjeux explosifs, ni des mises de fonds du niveau des subventions sur le gaz et l’essence.
Mais les retraites restent de gros dossiers. Des dossiers d’autant plus lourds que la négligence s’y est solidement établie depuis une trentaine d’années.
Les gouvernements successifs ont eu des syndicats beaux joueurs sur ces sujets. Ils en ont très peu profité. Or, cette disposition d’esprit ne durera sans doute pas très longtemps : tôt ou tard, les centrales devront expliquer à leurs adhérents que le rendement baisse alors que le recouvrement se sera amélioré. Il sera en effet de plus en plus difficile de faire admettre aux jeunes travailleurs qu’ils doivent payer double, pour compenser les négligences accumulées au temps de leurs parents, et que, par-dessus le marché, ils toucheront moins, parce qu’ils n’ont pas assez d’enfants!
Ceci n’est qu’une illustration parmi cent autres cas, de l’ampleur de la révolution mentale et politique que devra accomplir le concept même de politique sociale. Plus complexe encore : cette révolution devra se faire un contexte difficile. L’opinion publique rève du «modèle français». Une aspiration aussi forte que déraisonnable puisque ce modèle est maintenant «mort debout».
Nadia SALAH