Miracle
LA RAM est donc acculée à demander de l’aide... sans surprise. Dès le départ, le transporteur national s’est trouvé piégé dans la toile des contradictions de la politique aérienne nationale. Celle-ci a laissé les circonstances décider à sa place. Oui, il aura fallu que le Maroc prenne des engagements sur l’ouverture du ciel. Sauf que la solution de facilité, -et le reproche est d’abord aux politiques-, a été de ne rechercher qu’une concurrence maximale entraînant des baisses de prix. Sur le long terme, dans ce marché convoité, l’important aurait dû être de préserver un écosystème qui introduit une émulation optimale certes, mais favorise tout autant les possibilités de riposte de l’opérateur historique. Il est rageant de constater que la privatisation, envisagée un moment, aussi partielle soit-elle, aurait pu permettre à la fois de dégager du cash pour l’Etat (la mariée est-elle aussi belle?) et à la compagnie de retrouver un nouveau souffle et partir pour une véritable conquête à l’international. Au lieu de cela l’on a préféré la maintenir dans son statut d’établissement public lové au coeur de l’Etat, avec moins de moyens tout en lui demandant de rester compétitif. Il aura fallu quelques potions de choc, solder le divorce, total ou statutaire seulement, avec certains postes de coûts comme pour Air Sénégal ou Atlas Blue, une vraie fausse low cost qui n’a fait que plomber les comptes de la compagnie. Délestage urgent mais pas suffisant pour négocier une conjoncture difficile ou une croissance anémique comme celle que traverse le transport aérien en ce moment.L’autre problème a résidé dans le risque d’exécution. Car ici, ne l’oublions pas, l’Etat ne semble pas le seul «commandant de bord» comme on a pu le remarquer pour les séries de grèves des pilotes. Les syndicats sont vent debout pour s’opposer à toute réforme qui compromis les «droits acquis». Dans ces circonstances, la manière avec laquelle RAM a évité une catastrophe annoncée relève d’un petit miracle. Mohamed Benabid