
La victoire du parti grec Syriza électrise l’Europe et la Méditerranée. Là où les socialistes ont du mal à exister, la Grèce rallume les espoirs. Là où ils existent, c’est l’extrême gauche qui se prend à rêver de pouvoir. Sans compter que l’extrême droite, en France ou en Allemagne, espère elle aussi profiter de sa paradoxale proximité intellectuelle pour faire avancer les thèses de repli, de destruction de l’Europe et d’exclusion des étrangers…
Même les partis marocains sont enthousiastes, espérant découvrir à Athènes le moyen de faire la fête avec l’argent des autres.
Si le gouvernement hellénique parvient à réduire encore une fois sa dette, il ne faut pas croire que le laxisme viendra jusqu’à nous: nous n’avons pas le formidable capital immatériel que la Grèce marchande avec l’Europe.
En effet, les Européens, avec quelques erreurs historiques et toponymiques, voient leur origine à l’ombre du Parthénon. Inversement, pour ce qui concerne le sud de la Méditerranée, les Européens y voient les racines du terrorisme, avec là encore bien des approximations.
C’est une différence fondamentale: si le Maroc ou la Turquie avaient pris les mêmes libertés comptables que la Grèce, nous aurions été exclus de la communauté internationale. Fraude organisée dans le budget de l’Etat, captation des aides de Bruxelles, faux et usage de faux en comptes publics, maquillage des livres bancaires, évasion fiscale massive… on n’a pas fini de découvrir comment les partis politiques grecs ont fait pour distribuer des richesses qu’ils n’avaient pas, que leur pays ne produisait pas. Bien évidemment pour des questions électorales.
On ne sait pas comment le nouveau pouvoir grec, Syriza, va choisir d’assumer ses responsabilités. L’UE laissera sans doute des marges de triomphe pour renforcer le partenaire avec qui elle traite. Mais il ne faut pas rêver: ce n’est pas extensible jusqu’à nous.
Nadia SALAH
Nadia SALAH