
Le gouvernement Benkirane n’a pas trouvé terra nullius en s’installant au pouvoir. Dans le discours du Trône, le Roi a attiré l’attention sur les acquis positifs des gouvernements précédents, Youssoufi, Jettou et El Fassi.
Le Souverain n’a pas manqué de rappeler qu’il appartient au gouvernement Benkirane de continuer cette œuvre et de l’enrichir. Ce faisant, le Roi est dans son rôle en assumant la permanence et la continuité de l’Etat.
Il y a aussi un message politique sur l’intérêt général de la Nation, message que le chef du gouvernement devrait saisir: l’exercice du pouvoir implique de prendre en charge le passé et surtout de construire le futur.
Or, jusqu’à présent, Benkirane et son équipe ont développé un discours de dénigrement à l’égard de leurs prédécesseurs; dénigrement cachant l’absence de vision et d’action constructive. Accusations et invectives ne font pas une politique pour un pays.
Dans un tel contexte, ce n’est pas un hasard si la majorité s’est défaite. Il devenait de plus en plus difficile aux alliés du PJD, notamment au plus important d’entre eux, l’Istiqlal, de suivre cette politique de destruction, sans horizon et sans issue.
Les élections ont conduit le PJD au gouvernement. Ceci ne fait pas table rase du passé, et ce n’est pas une révolution. Le Maroc a rejeté la violence. Il a choisi la voie des réformes, même si ce sont des réformes très profondes.
L’équipe de Benkirane II est en cours de construction. Ce n’est pas facile à cause de ces stratégies d’invectives et de calomnies à tout va.
Pourtant, c’est une opportunité: cette équipe devrait être l’occasion de remettre l’économie et l’intérêt général au centre de l’action gouvernementale.
Dans l’intérêt du pays d’abord, et dans l’intérêt même du PJD et de Benkirane, ils devraient se ressaisir et faire désormais en sorte que le passage des islamistes modérés au pouvoir ne marque pas un recul économique et social pour le Maroc.
Abdelmounaïm DILAMI