
En janvier 2020, El Othmani exposait pompeusement sa stratégie de lutte contre la corruption devant la Chambre des conseillers.
Un an plus tard, et puisqu’il faut bien s’arrêter sur des actes ou des évaluations, le verdict de Transparency offre une bonne occasion: Oui le Maroc a avancé, mais plutôt en mode Moonwalk, la célèbre danse de Mickael Jackson, où l’on marche en reculant. Six rangs de perdus, c’est loin d’être négligeable.
Dans la région, la Tunisie caracole devant. Ne parlons même pas des Emirats arabes unis ou du Qatar, où l’influence des traditions de transparence anglo-saxonne place les ambitions sur d’autres orbites.
L’inquiétante dégradation du classement marocain ne doit pas être prise à la légère sur un sujet qui charrie des enjeux de confiance et d’attractivité-pays. L’arsenal anti-corruption n’est pas pauvre, loin s’en faut.
La montée en puissance de la digitalisation dans de nombreuses administrations ouvre des possibilités de croisements de data et d’enquête que l’on aurait jamais imaginé il y a quelques années. C’est un pas de plus à côté des missions de contrôle de la Cour des comptes qui constituent un autre niveau de dissuasion.
Vraisemblablement, cela ne suffit pas. Il faut d’abord s’occuper de l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption, reléguée pour l’heure au statut de coquille vide.
Il faut ensuite redoubler de vigilance dans la traque aux réseaux de corruption soupçonnés de continuer de se jouer des nouvelles obligations en matière de publicité autour des appels d’offres, les délits d’initiés pour les critères de soumissionnement n’étant pas toujours rattrapables.
Il faut enfin s’occuper des dernières accusations de Transparency qui ne doivent pas être mises en sourdine, tant elles font résonner une contextualisation du problème. Le contexte Covid a mobilisé beaucoup d’argent, et l’on aurait tort de ne s’intéresser ici qu’aux marchés de la santé. La corruption doit continuer d’être traitée en mode tolérance zéro et sans exception.