
L'on s’y attendait un peu, l’enseignement en format distanciel creuse les inégalités. Les derniers chiffres du HCP, rendus publics jeudi, le montrent bien: dans plus de la moitié des cas, les enfants ratent l’école, car il leur manque la logistique de base: des connexions internet, des smartphones, des PC. Dans la foulée, notre ego, au-delà du discours convenu et de l’économiquement correct sur la digitalisation avancée de la société marocaine, en prend un coup.
La confirmation d’inégalités en matière d’équipements ne peut être désarticulée de celles qui relèvent de formes de déficits plus classiques. Le sujet sera encore une fois celui des inégalités économiques et sociales. Et c’est cette bataille qu’il faut engager pour gagner celle de la fracture numérique et non l’inverse.
Dans le contexte pandémique, le constat est d’autant plus amer qu’il jette une lumière crue sur une spirale terrible. Dans le cas d’espèce, ces inégalités sociales provoquent des discriminations numériques qui à leur tour induisent de nouvelles formes d’inégalités, celles de l’accès à l’enseignement.
Si seulement, les compteurs pouvaient s’arrêter à ce palier. Car il faut se rendre à l’évidence, résoudre la question du matériel n’apportera qu’une réponse partielle à la fracture numérique. D’autres facteurs peuvent intervenir au deuxième degré.
Au-delà de l’accès physique, certains interpellent l’enjeu des aptitudes et des qualifications (skills) au sein de populations qui n’utilisent pas forcément internet de la même manière: tout le monde n’est pas suffisamment outillé pour transformer sa consommation numérique en connaissances ou en compétences. Sur ce registre aussi, la Covid nous renvoie une leçon de réalisme.