
Que le Maroc se remette en selle pour prévenir la crise de l’eau, l’on ne peut que s’en féliciter. Les enjeux sont ceux d’une course désespérée de rééquilibrage de l’offre et de la demande en eau et, dans la foulée, ceux de développement économique, de stabilité sociale et d’inégalités territoriales dans l’accès à cette ressource. Et si l’intitulé du sujet n’est pas suffisamment évocateur, quelques chiffres peuvent en rappeler la gravité.
A moins de 1.700 m3 d’eau disponible par an et par habitant, c’est le stress hydrique; à moins de 1.000 m3, c’est «un manque d’eau». Dans le cas marocain, les grilles de classification ne suffisent plus. Le thermomètre a explosé puisque les niveaux actuels se situent à 650 m3 et devraient, selon les prévisions, descendre à 500 m3 en 2030!
Une fois les yeux ouverts sur cette réalité, des évidences s’imposent. Celles-ci concernent avant tout la qualité de la prise en main par les politiques publiques. Dans la liste des leviers stratégiques à actionner pour la bonne gestion de l’eau, le rôle de la gouvernance revient en effet avec récurrence.
En mobilisant des mécanismes de coordination et/ou de régulation, cette gouvernance s’avère indispensable pour corriger un marché de l’eau marqué par une concurrence imparfaite et où l’accès n’est jamais d’emblée garanti pour tous. Sur ce front, le ton n’est bien évidemment pas encore à l’autocongratulation au vu des résultats qui restent à atteindre. Pour autant, l’on ne peut feindre d’ignorer les efforts menés par le Maroc.
A l’issue d’un processus de modernisation qui touche tout particulièrement la gestion de l’eau d’irrigation, le plus gros poste consommateur avec plus de 80% de la demande globale, le pays affiche sans aucun doute la politique la plus volontariste de la région pour anticiper les tensions actuelles et futures. Il ne faut surtout pas que cette flamme, la flamme de l’eau, s’éteigne.