
Des centaines d’immigrés arrivent sur l’île italienne de Lampedusa
En prenant la décision de permettre la libre-circulation dans l’Espace Schengen des réfugiés venus de Tunisie et de Libye, l’Italie change de ton et adopte la provocation. Elle a décidé, lundi, de leur délivrer des permis temporaires leur permettant de circuler librement sur le territoire européen.
Rome demande à ses partenaires de l’UE, depuis janvier dernier, un partage de responsabilité dans la gestion du dossier des réfugiés libyens et tunisiens. L’appel à l’aide est resté sans réponse ou du moins sans prise de position claire. Cette initiative, au-delà des tensions qu’elle crée, intervient en violation des textes européens. Les lois européennes prévoient, en effet, la prise en charge automatique des réfugiés par le pays d’accostage. Mais cette mesure ne serait-elle pas en contradiction avec les modalités du pacte européen sur l’immigration et l’asile? Ce dernier appelle à «une gestion solidaire et commune des flux migratoires».
Cette faille juridique, admise par la Commission européenne elle-même, pourrait vraisemblablement servir de plaidoyer à l’Italie qui veut défendre sa position. Le quatrième engagement du pacte européen évoque même la nécessité de «bâtir une Europe de l’asile». Un engagement que les pays de l’Union ne semblent accepter qu’à demi-mot. La France, instigatrice du pacte, a d’ores et déjà réagi en refermant de manière quasi-totale ses frontières avec l’Italie. Une disposition juridiquement prévue par les textes européens mais soumise à conditions. L’Allemagne, quant à elle, accepte d’accueillir une centaines de réfugiés arrivés non pas en Italie mais à Malte. La petite île est aussi une destination privilégiée de l’immigration clandestine. Elle est confrontée depuis des années à ce fléau. C’est pourquoi une dizaines de pays admettent que Malte connait un véritable souci pour gérer autant de personnes sur un petit territoire. En revanche pour certains pays membres, l’Italie avec ses 60 millions d’habitants est tout à fait capable de gérer l’affluence de 23.000 demandeurs d’asile. Et c’est là que le bât blesse. L’Italie refuse de gérer cette crise seule. La Commission européenne, dans une position délicate, tente de tempérer en appelant à la solidarité. «Aujourd’hui, nous venons avec des demandes précises et nous allons voir si l’Europe est unie et solidaire», avait annoncé lundi le ministre italien de l’intérieur, Roberto Maroni. La réponse fuse. Le ministre allemand Hans-Peter Friedrich demande à l’Italie de respecter les règles juridiques existantes. En somme de gérer cette crise en interne, loin de toute considération européenne.
L’immigration est aujourd’hui le sujet épineux de nombreux pays de l’Union européenne. Au-delà d’un simple dossier, elle constitue une véritable «maladie insoignable» dont tous veulent éviter la contagion.
Houda SIKAOUI
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