Trois semaines après la chute de Ramadi, capitale de la plus grande province d’Irak, Barack Obama décide de réagir. L’hôte de la Maison Blanche a annoncé un renforcement prudent du dispositif américain pour contrer les jihadistes de l’organisation Etat islamique. 450 soldats américains supplémentaires, portant leur nombre total à 3.550, seront ainsi déployés en Irak pour accélérer la formation des troupes irakiennes engagées dans la lutte contre l’EI. Il a également approuvé la livraison rapide de matériel militaire, y compris aux «peshmergas» (forces kurdes) et combattants des tribus locales opérant sous commandement de l’armée officielle. Si cette démarche, la deuxième depuis le retour des troupes américaines en Irak l’an dernier, ne se traduira pas par un retournement rapide de la situation sur le terrain, elle va rétablir l’équilibre des forces entre Sunnites et Chiites dans le pays. En fait, il s’agit plus d’un soutien politique que militaire.
Mettre les sunnites
en confiance
Le geste de Washington vise à aider le Premier ministre Haider al-Abadi auprès des sunnites qui se sentent menacés par l’intervention des milices chiites. Par ailleurs, un al-Abadi affaibli permettrait de renforcer la position de l’Iran, dont les milices affiliées pourront se positionner avec plus d’aise sur le champ de bataille. Résultat, les sunnites trouveraient en Daech une sorte de «protecteur» face à l’ennemi chiite... D’où tout l’intérêt de Washington de montrer un Premier ministre soucieux de l’avenir des tribus sunnites en Irak.
Les nouveaux formateurs seront chargés de tisser des liens avec les tribus sunnites qui ont été déterminantes pour défaire des groupes extrémistes sunnites en Irak en 2007 et 2008. Beaucoup de ces tribus, qui ont combattu aux côtés des forces américaines se sont senties trahies lorsque les États-Unis ont quitté l’Irak en 2011 et ont mis à la tête du pays, Nouri al-Maliki, le prédécesseur de al-Abadi, qui les a chassées du pouvoir et arrêté certains de leurs dirigeants.
Sur le champ de bataille, ces soldats-conseillers vont rester loin du front et se limiteront à donner du conseil stratégique aux quartiers-généraux des forces irakiennes. Ils ne comportent même pas des contrôleurs aériens avancés, qui permettent une efficacité optimale des bombardiers américains mais aussi le déploiement des hélicoptères d’assaut, Apache. Ce soutien supplémentaire aidera aussi à mettre en confiance les commandants irakiens qui ont battu en retraite, même lorsque leurs forces sont beaucoup plus nombreuses que celles de l’ennemi, mais également à rendre plus efficace les frappes aériennes de la coalition.
En structurant son aide ainsi, Obama insiste sur le fait qu’il ne s’impliquera pas dans la bataille et que les Irakiens doivent trouver des solutions eux-mêmes. Une partie du Congrès milite férocement pour plus d’implication en Irak et en Syrie, mais tout porte à croire que cela ne se passera pas durant le mandat d’Obama...
M. L.
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