LES Libanais ne connaîtront-ils jamais de répit ? Longtemps crainte puis prévue, la «contamination» du conflit syrien au pays du Cèdre est aujourd’hui une réalité. Hier mercredi 26 juin, une vingtaine de Syriens ont été blessés près de Beyrouth, après être tombés dans une embuscade dont on cherche encore l’auteur. «Trois voitures aux vitres fumées ont intercepté un minibus transportant 25 Syriens à Jisr el-Wati. Huit hommes ont par la suite attaqué les passagers à coups de couteau, en blessant une vingtaine», déclare le porte-parole de la police. Le groupe se dirigeait vers un studio pour y enregistrer des chansons syriennes folkloriques.
Ce crime intervient alors que le pays n’est pas encore tout à fait remis du scénario cauchemardesque à Saïda, et au lendemain de la journée nationale consacrée aux 17 soldats qui ont péri dans les affrontements qui ont permis de reprendre possession de la banlieue. Pour autant, le cheikh Ahmad al-Assir (chef de file d’un groupe radical sunnite farouchement opposé au Hezbollah), qui est à l’origine des affrontements avec l’armée, est toujours porté disparu, ainsi que ses 123 partisans que la police recherche activement. Ce groupuscule sunnite extrémiste n’a pas cessé de souffler sur les braises, alors que les tensions communautaires sont très vite nourries par le conflit syrien. Mais il ne s’est pas limité aux prêches incitant à la violence. Il est passé à l’action dimanche dernier quand certains de ses partisans se sont attaqués à un barrage de l’armée à la banlieue de Saïda. Conséquence des heurts : en plus des 17 soldats morts, une centaine de civils blessés. Une source proche du cheikh évalue ses pertes humaines à 5 morts et 10 blessés. Parmi les recrues du cheikh, l’ex-crooner libano-palestinien Fadel Shaker est des plus surprenantes. Le chanteur, qui était présent au Festival Mawazine de Rabat en 2012, est passé des chansons à l’eau de rose à la lutte armée. Des habitants du quartier interrogés par l’AFP témoignent de ce revirement. «Le pire c’était Fadel et un de ses gardes du corps. Ils demandaient à mes filles pourquoi elles avaient des amis chiites et les ont même giflées», déclare Fadla Touma, qui habite juste au-dessus de la mosquée de ce quartier résidentiel.
Aujourd’hui, le cheikh et ses partisans pourraient se trouver n’importe où. Dans le camp palestinien d’Aïn Héloué (où des extrémistes seraient présents), en Syrie ou dans le nord de Tripoli, fief de sunnites radicaux. Les autorités libanaises n’ont d’autre choix que de les retrouver et d’éteindre cette braise qui pourrait se transformer en flamme dévoratrice si elle n’est pas tout de suite maitrisée. Les habitants craignent un scénario type guerre civile de 19775-1990. Un scénario catastrophe, mais pas improbable, lorsque l’on sait que le destin du Liban et de la Syrie ont toujours été liés. Les 60% de Libanais musulmans sont déchirés entre chiites pro-Bachar El Assad et sunnites soutenant l’opposition.
Rime AIT EL HAJ
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