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En Afrique du Sud, les startups dirigées par des femmes luttent contre le manque de financement

Par Sarah Smit | Edition N°:6040 Le 25/06/2021 | Partager
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Dans un monde où le capital pour les start-ups est réservé à une poignée de personnes, les entrepreneurs tels que Tlalane Ntuli ont besoin d’un capital-risque qui leur soit destiné (Ph. Paul Botes (Mail & Guardian))

C’est par frustration que Tlalane Ntuli a lancé Yalu, une startup basée à Johannesburg proposant des assurances-vie sur des crédits. Bien qu’elle appartenait au monde de l’entreprise depuis dix ans, elle avait peu d’opportunités d’y faire la différence lorsqu’elle travaillait comme responsable du marketing pour une compagnie d’assurances en Afrique du Sud. Le secteur financier, qui évolue lentement, ne demandait également qu’à être chamboulé.

Au moment de son lancement, en 2018, Yalu avait tout pour réussir. Tlalane Ntuli et son cofondateur, Nkazi Sokhulu, ont été salués par les spécialistes du secteur de l’assurance pour le renouveau qu’ils apportaient à l’industrie. Car si un client souscrit à une assurance-vie sur un crédit et qu’il n’est plus en mesure de la payer à cause d’un licenciement, d’invalidité ou d’un décès, sa dette sera remboursée. Le duo a obtenu un financement d’un million de rands (72.600 dollars) d’acteurs du secteur public et privé. Mais lorsque ces subventions sont arrivées à échéance, le prestige n’a pas suffi à maintenir l’entreprise en activité et elle a dû cesser son activité.

Beaucoup d’entreprises connaissent un sort similaire, surtout lorsqu’elles sont dirigées par des femmes noires. «D’après mon expérience personnelle, la plupart des startups qui obtiennent des financements sont dirigées par des blancs. Qu’il s’agisse de fonds internationaux ou locaux»,  affirme Tlalane Ntuli.

L’experte en capital-risque Lwazi Wali a lancé en novembre 2018 Her-HQ, la première startup positionnée sur l’innovation sociale d’Afrique destinée aux entrepreneures panafricaines et racisées. «J’ai découvert qu’il existe trois grands freins qui empêchent les femmes de monter leurs startups: l’accès aux connaissances, aux capitaux et aux marchés. Je pense que nous allons assister à de nombreux changements lorsque les femmes du continent auront accès à ces trois éléments», dit-elle.

Si le financement mondial du capital-risque a augmenté de 4% en 2020, la base de données d’investissements Crunchbase a constaté que seuls 2,3% de ces fonds sont allés à des startups dirigées uniquement par des femmes, dont le nombre a doublé entre 2014 et 2019. Ces données ont également révélé que plus de 800 startups fondées par des femmes dans le monde ont reçu 4,9 milliards de dollars de financement à risque l’année dernière. Soit une baisse de 27% par rapport à 2019.

Cela semble être également le cas dans d’autres pays. Aux États-Unis, la part du capital-risque reversée aux entreprises fondées par des Afro-Américains s’élevait à 3% en 2020, selon les données de Crunchbase. Un rapport récent d’Extend Ventures, une organisation visant à démocratiser l’accès au capital-risque, a révélé que les fondateurs noirs n’ont reçu que 0,24% des financements accordés au Royaume-Uni. Il a aussi montré que les entreprises fondées par des femmes n’ont reçu que 11% du financement à risque au Royaume-Uni ces dix dernières années.

Par Sarah Smit

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Ces articles sont publiés dans le cadre de «Towards Equality», une opération de journalisme collaboratif rassemblant 15 médias d’information du monde entier mettant en lumière les défis et les solutions pour atteindre l’égalité des genres.