
- L'Economiste: Malgré les rappels à l'ordre, les entreprises continuent de payer très en retard les TPE.
- Amine Diouri: Nous relevons des dynamiques différentes selon le secteur. Dans le public, il y a du mieux. Le remboursement des crédits de TVA, l'amélioration des délais de paiement des entreprises publiques et des collectivités territoriales redonnent une bouffée d'oxygène à leurs partenaires. Par contre, les mauvaises pratiques continuent de se répandre dans le privé. Les délais de paiement des TPE et des PME réalisant moins de 50 millions de DH de chiffre d'affaires se sont encore dégradés en 2018.
Ayant très peu d'accès aux marchés publics, les TPE ne sont pas nombreuses à bénéficier de la réduction des délais de paiement du secteur public. D’autre part, les mesures pour faire évoluer les comportements peuvent prendre plus de temps à se diffuser à l’ensemble de l’écosystème des entreprises. Pour l'heure, seules les grandes entreprises et les PME de plus de 50 millions de DH de chiffres d'affaires ont constaté une amélioration des délais clients. L’amélioration de trésorerie qui en découle pourrait ensuite se diffuser aux TPE. A ce titre, les données 2019 seront intéressantes à analyser afin d'apprécier les effets réels des mesures prises pour aider les petites entreprises. Par ailleurs, l'efficacité du programme intégré d’appui au financement des TPME est pour une partie tributaire du respect de la loi en matière de délais de paiement. Sinon, les banques pourraient rapidement se décourager face aux impayés si les entreprises financées sont réglées en moyenne en 210 jours.
- L'institution d'amendes pour les mauvais payeurs peut-elle être dissuasive?
- J’ai toujours pensé qu’il était utopique de laisser un donneur d’ordre (client) et un sous-traitant (fournisseur) régler par eux-mêmes les retards de paiement, et encore plus demander à un petit fournisseur de facturer des pénalités de retard à un gros donneur d’ordre qui, dans bien des cas, est son unique client. C’était nier le rapport de force inhérent à toute relation commerciale. Les propositions faites récemment par la CGEM et le ministre de l’Economie vont dans le bon sens. Reste maintenant à savoir où sera mis le curseur. J’espère que les mesures qui seront arrêtées ne seront pas timorées et qu’elles seront pour une fois appliquées.
- Quel est l’état d’avancement du programme Inforisk Dun Trade?
- Le programme avance très bien. Aujourd'hui, nous collectons des expériences de paiement sur presque 10.000 sociétés marocaines. Par ailleurs, nous en avons plus d’une vingtaine demandes d'adhésion au programme quotidiennement sur notre site internet. Très clairement, notre partenariat avec la CGEM a eu un effet booster, qui à la fois pérennise le programme et rassure les entreprises sur le sérieux de notre démarche. Compte tenu de l'ampleur des mauvais comportements en matière de paiement, le programme est perçu comme une réelle opportunité d’avoir une vision claire sur les conduites des clients et partenaires.
Propos recueillis par Franck FAGNON
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