Page 6 - L'Economiste développement durable numéro 4
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IV
Les ressources halieutiques:
La richesse principale des ressources halieutiques est constituée
des petits pélagiques (sardines, maquereaux, anchois) qui repré-
sentent plus de 80 % des captures en volume (Ph L’Economiste)
Avec 3.500 km de côtes baignées par des eaux froides, le Maroc rée, notamment pour les céphalopodes, provoquant l’effondrement de leur
possède des richesses halieutiques parmi les plus intéressantes au stock. Depuis, le Maroc a mis en place onze plans d’aménagement pour
monde. Sa Zone économique exclusive possède une grande diversité préserver et gérer durablement ces ressources.
d’espèces: près de 500 espèces, dont 60 sont exploitées. Une évaluation de la FAO en 2010 a montré que sur les 11 stocks
Ces ressources halieutiques sont réparties sur l’ensemble des côtes, d’espèces démersales marocaines,
mais les côtes de l’Atlantique sud sont aujourd’hui les plus fournies. La 5- espèces sont en état de surexploitation: le poulpe, la seiche, la cre-
richesse principale est constituée des petits pélagiques (sardines, maque- vette rose, le merlu blanc et la besugue (une variété de pageot).
reaux, anchois) qui représentent plus de 80 % des captures en volume. 4- espèces sont considérées comme pleinement exploitées : pageot,
Ils assurent l’approvisionnement d’une importante industrie de transfor- denté à gros yeux, dorade et digrammegris mediterraneus.
mation et le marché de consommation intérieur marocain, avec un apport Les stocks de deux autres espèces (calmar et merlu noir) n’avaient pu
conséquent de protéines de qualité à bas coût. Quant aux autres espèces être évalués en raison de données insuffisantes.
moins nombreuses, poissons nobles et céphalopodes, elles sont à grande Cette situation a conduit à la mise en œuvre de la stratégie Halieutis
valeur commerciale. D’ailleurs, elles ont suscité la convoitise des opéra- dès 2010. Les espèces qui constituent ensemble plus de 75 % des débar-
teurs et les capacités de pêche ont été déployées d’une manière démesu- quements sont gérées par des plans d’aménagement.o
Petits pélagiques Thons
LA sardine est au Maroc une richesse incomparable. C’est le premier stock LE thon rouge est une espèce migratoire, qui aime voyager et fait le tour du
mondial. Il avait fait de Safi la capitale mondiale de la sardine, avant que la res- bassin méditerranéen occidental. Il est exploité principalement durant le passage
source ne descende vers le Sud. Aujourd’hui, on distingue la pêcherie pélagique saisonnier du thon rouge à partir de mai. Mais depuis 2010, la période de pêche
Sud de celle du Nord, et signe des temps, la ligne de séparation est à Boujdour. ne dépasse guère un mois et demi, en raison notamment de l’épuisement rapide
Au Sud, entre Boujdour et Lagouira, la pêcherie est exploitée à la fois par une du quota suite aux fortes captures de thon rouge dans les madragues calées sur la
flotte nationale et une flotte étrangère. La flotte nationale est constituée de cha- façade Atlantique, dans la zone maritime comprise entre Tanger et Moulay Bous-
lutiers pélagiques et de senneurs côtiers, tandis que la flotte étrangère opérant selham. La pêche du thon rouge est aussi pratiquée à la ligne à main dans la région
de Ksar sghir (Méditerranée), avec une flottille artisanale de barques inférieures à
5 m, de juin à octobre dans des zones très profondes (jusqu’à 500 m).o
La pêche aux petits
pélagiques, comme la Le thon rouge est une pêche très
sardine, fournit 80% courte d’un mois et demi, mais ré-
des captures totales munératrice
dans le cadre d’accords de pêche avec le Royaume du Maroc est constituée de
chalutiers pélagiques congélateurs. Cette pêcherie qui contient de la sardine, Requins
du maquereau, des chinchards et de la sardinelle, est très poissonneuse grâce à
l’upwelling permanent qui assure la remontée d’eaux froides profondes riches LE requin, une des espèces les plus abondantes dans les océans, est menacé
en nutriments et sels nutritifs. En 2019, 720 000 tonnes de petits pélagiques y ont d’extinction. Cette espèce située au sommet de la chaîne trophique participe gran-
été pêchées. Au Nord, de Boujdour, 600 senneurs côtiers sur 20 ports exploitent dement à la régulation de l’écosystème marin. Le Maroc a adopté un plan de
cette pêcherie aussi bien en Atlantique qu’en Méditerranée. Les senneurs ciblent protection pour faire face aux engagements internationaux qu’il a pris. Il interdit
les petits pélagiques, principalement les sardines, l’anchois et le maquereau, sur notamment le traitement à bord des requins pour l’extraction des foies et l’enlève-
le plateau continental à des fonds généralement inférieurs à 100 m de profon- ment des ailerons. Trois espèces ont été interdites de pêche dès le début : le requin
deur. Cette pêcherie a produit 601 000 tonnes de petits pélagiques, dont 74 % marteau, le requin océanique, et le requin-renard à gros yeux. Deux autres les ont
dans les ports de Laâyoune (58 %) et de Tan-Tan (16 %), ou les eaux sont très rejointes : le requin soyeux et le requin-taupe-commun dont la pêche a été interdite
poissonneuses.o pour une durée de cinq ans en 2020.o
Juillet - Août - Septembre 2023