Page 21 - Transition verte Les chantiers s’accélèrent
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Dossier TransiTion VerTe
Autoproduction d’électricité
Le Conseil de la concurrence appelle à une loi plus incitative
n Il recommande de refondre le
cadre légal et réglementaire
n Avec la baisse du prix de vente
moyen du kWh sur 20 ans
n Elargissement de l’assiette de
l’offre aussi
LE secteur privé et le Conseil de
la concurrence semblent avoir le même
point de vue à propos de la loi 81-21
relative à l’autoproduction d’électri-
cité. Les deux trouvent que ce texte,
appliqué actuellement dans le cadre de Le Conseil de la concurrence recommande aussi à l’ONEE de sortir de la distribution (Ph. Privée)
la loi n°40-19 modifiant et complétant versité Cadi Ayyad de Marrakech, ex- de l’année (grâce à la complémentarité tion décentralisée avec des installations
la loi 13-09, doit être revu. On se rap- pert en énergie, était allé plus loin. Il entre l’éolien et le solaire), soit portée existantes.
pelle, en effet, qu’avant son adoption et avait, en effet, déclaré que «le projet par des autoproducteurs et producteurs
sa publication dans la précipitation en de loi 82-21 est inapplicable». Malgré privés dans le cadre de la loi n°40-19. • Un prix du kWh attractif étalé
juillet 2022 au B.O, le privé avait for- tout, excepté le relèvement de l’excé- Se faisant, avance-t-il, cette production dans le temps
mulé plusieurs griefs à son encontre. dent de production à vendre à l’ONEE pourra être une source importante pour Pour y arriver, Ahmed Rahhou et
Khalid Semmaoui, président de qui est passé à 20%, aucune des autres sécuriser l’approvisionnement national son équipe estiment que la question du
l’Association marocaine de l’industrie reproches formulés à l’époque n’a été en électricité et répondre aux nouveaux coût de production de l’électricité, qui
solaire (Amisole) déclarait que «Ce prise en compte dans la mouture finale enjeux, notamment en matière de des- est un facteur déterminant pour l’inves-
texte n’apporte que des contraintes. du texte. Ce qui ne se sera peut-être pas salement de l’eau de mer. Ensuite, le tissement privé, ne posera pas vraiment
La limitation de l’excédent de pro- le cas, cette fois-ci, avec le Conseil de Conseil souligne la nécessité de revoir problème.
duction destiné à la vente à l’ONEE à la concurrence. le cadre légal et réglementaire de Le prix de vente moyen du Kilo-
10% de la production annuelle est une l’autoproduction pour le rendre plus wattheure pourrait facilement passer
mesure qui n’est pas du tout incitative. • Une production portée par des incitatif. Cela permettrait, dit-il, de tirer de près de 0,9 DH/kWh actuellement
La capacité d’accueil donnée par les autoproducteurs et producteurs pri- pleinement parti du potentiel du Maroc à 0,6 DH/kWh dans les 20 prochaines
gestionnaires de réseaux multiplie le vés en énergies renouvelables, d’autant années pour les activités de production,
nombre d’intervenants et rend com- L’une des recommandations du plus que le pays continue d’impor- compte tenu du vaste potentiel du pays
plexe une chose qui pouvait être direc- Conseil est que la production à partir ter de l’énergie électrique alors qu’il en énergies renouvelables.o
tement gérée par un guichet unique». de sources d’énergie renouvelables, qui pourrait couvrir une grande partie de A.D
Le professeur Amin Benouna de l’Uni- offrent une disponibilité tout au long ses besoins en encourageant la produc-
Mettre à contribution plusieurs secteurs
LE Conseil recommande aussi d’accorder, parallèlement, une attention
particulière à l’élargissement de l’assiette de l’offre, notamment sur le segment
de la moyenne et basse tensions pour ce qui est du marché développé dans le
cadre de la loi n°40-19, afin d’encourager davantage la réalisation de projets
renouvelables. A ce propos, dit-il, certains secteurs productifs peuvent être mis
à contribution. C’est le cas notamment du secteur agricole où le Maroc dispose
actuellement de plus de 50.000 installations solaires représentant un investisse-
ment total de plus de 5 milliards de DH. Ces installations produisent de l’énergie
électrique qui, bien qu’étant disponible à un moment donné, est actuellement
perdue alors que le pays en a besoin. A cela s’ajoute l’autoproduction de masse
domestique en BT qu’il faut encourager, parce qu’il peut constituer un levier
important d’approvisionnement. En effet, les consommateurs peuvent devenir
en même temps producteurs et fournisseurs d’électricité.
Ce n’est pas tout, puisque selon le Conseil de la concurrence, l’application de
la loi 81-21 relative à l’autoproduction d’électricité dans le cadre de la loi n°40-
19 peut être étendue aux batteries des voitures électriques. Parce que, selon lui,
cela peut aider à l’amélioration de la flexibilité du système électrique national et
au développement de l’intégration massive des EnR.o
Vendredi 24 Mai 2024