Page 8 - DOSSIER SIAM 2025
P. 8

VIII




                                                                              Siam




                                               Irrigation des cultures: Miser sur




           n Goutte-à-goutte, pivot…                                                                                  viron 1 milliard de m³. Ces initiatives,
           des techniques dépassées?                                                                                  dévoilées par le ministère de l’Agri-
                                                                                                                      culture fin 2024, donneront la possi-
                                                                                                                      bilité au secteur agricole de mobiliser
           n Dessalement, eaux usées trai-                                                                            un stock stratégique d’eau d’environ 3

           tées… des solutions pour assurer                                                                           milliards de m³, un élément important
                                                                                                                      pour atteindre la sécurité alimentaire
           les besoins en eau du secteur
                                                                                                                      du pays.
                                                                                                                         Des  solutions  alternatives  sont
              LES pluies    qui  ont  arrosé  le                                                                      également   adoptées  pour  garantir
           Royaume en ce début d’année ne suf-                                                                        l’approvisionnement en eau. Le pays
           firont pas à combler le déficit creusé                                                                     s’appuie désormais sur 16 unités de
           par six années de sécheresse. Le bilan                                                                     dessalement d’eau de mer, une tech-
           des précipitations naturelles en 2023                                                                      nique dont le développement a dé-
           révèle une diminution considérable,                                                                        marré il y a environ 50 ans et qui s’est
           passant de 12 à 5 milliards de m3.                                                                         accéléré ces dernières années. Selon
              Dans ce contexte, le secteur agri-  Le Maroc emploie actuellement des techniques d’irrigation telles que le goutte-à-goutte, l’as-  les données actuelles, la production
           cole subit de plein fouet les consé-  persion et le pivot réduisant considérablement les pertes par évaporation et ruissellement   issue du dessalement atteint 277 mil-
           quences  du  stress  hydrique.  Si  la                                                                     lions de m3.
           superficie  consacrée  aux  cultures «Toutefois, l’investissement dans des   2030. Cela représente plus de 60%
           irriguées au Maroc ne représente que  techniques d’irrigation est élevé et   de la superficie irriguée du Maroc
           20 à 25% de la surface totale récoltée,  beaucoup de fellahs n’en maîtrisent   et permet d’économiser près de 3,5   Atténuer la tension continue
           leur contribution à la valeur monétaire  pas la gestion», affirme un produc-  milliards de m3 d’eau par an.  Dans   exercée sur les ressources
           de la production agricole atteint près  teur de cognassiers dans la région de   le détail, le plan prévoit d’étendre les
           de 65%.                             Guercif.                           zones irriguées de 70.000 hectares et      hydriques classiques
              Ces  observations  impliquent       Pour encourager l’irrigation locali-  de rénover les réseaux hydrauliques
           qu’une diminution considérable de  sée, le ministère de l’Agriculture mis   de petite et moyenne envergure sur   D’autres  unités  de  dessalement
           l’approvisionnement en eau pourrait  en place depuis plusieurs décennies,   200.000 hectares. L’augmentation de   sont  en  cours  de  réalisation:  «Les
           affecter négativement le volume et la  notamment dans le cadre des straté-  la disponibilité en eau est également   travaux de construction des stations
           valeur de la production agricole du  gies Plan Maroc Vert (2008-2020) et   au programme, grâce à la construction   de dessalement se poursuivent à un
           pays.                               Génération Green (2020-2030), des   de barrages ce qui permettra d’irriguer   rythme soutenu, avec une capacité ac-
                                               mesures pour promouvoir des tech-  120.000 hectares de plus.           tuelle de plus de 300 millions de m3,
                                               niques d’arrosage telles que le goutte-                                grâce aux efforts conjoints de l’Office
            Investir dans la technologie afin
                                               à-goutte, l’aspersion et le pivot. Des                                 national de l’électricité et de l’eau
           d’assurer la pérennité de l’activité actions qui ont permis le développe-  Mobiliser un stock stratégique   potable (ONEE) et du Groupe OCP»,
                                               ment des cultures tout en réalisant des           d’eau                a déclaré le 16 avril dernier Nizar Ba-
              C’est  pourquoi  les  agriculteurs économies d’eau considérables.                                       raka, ministre de l’Équipement et de
           marocains sont plus que jamais appe-   L’objectif est d’étendre l’irrigation   Des  infrastructures  de  transfert l’Eau à la Chambre des conseillers.
           lés à investir dans la technologie afin  localisée à 940.000 hectares d’ici 2027   d’eau reliant divers bassins versants   De  plus,  des  infrastructures  de
           d’assurer la pérennité de leur activité.  et à un million d’hectares à l’horizon   sont aussi planifiées et apporteront en-  transfert d’eau reliant divers bassins


                                          Opter pour des cultures moins assoiffées



              PAS besoin de beaucoup d’eau pour devenir un pays performant sur le   kilo de la caroube oscille entre 50 et 70 DH, voire 100 DH en 2024 contre 3 DH
           plan agricole. Des pays comme la Tunisie, l’Egypte,  Israël  ou les Etats-Unis   pour le kg de blé.
           ont réussi à transformer des déserts en terres agricoles.
              Comme ces pays, le Maroc mise aussi sur des variétés agricoles résistant à   n L’amandier
           la sécheresse et moins gourmandes en eau comme l’avocat, la pastèque ou les   Consommant 400 mm d’eau par an, il voit ses super-
           cultures fruitières. L’idée est donc de switcher vers des cultures qui nécessitent   ficies augmenter, plaçant le Maroc 4e producteur mon-
           de faibles quantités hydriques pour prospérer.                         dial derrière les Etats-Unis, l’Espagne et l’Iran avec une
              Plusieurs alternatives intéressantes sont déjà expérimentées, voire déve-  production de 120.000 tonnes par an.
           loppées dans le cadre de la Stratégie Green 2020-2030. Caroubier, amandier,
           figuier, grenadier  et quinoa… le Maroc a pour ambition d’augmenter sa pro-  n Le grenadier
           duction dans ces filières.                                                Ayant besoin d’environ 600 à 800 mm d’eau par an,
                                                                                  il affiche une production annuelle de près de 50.000 t
                                                                                  réalisée sur 4.000 ha, essentiellement dans les régions de
           n Le caroubier                                                         Settat, Taounate, Nador, les zones oasiennes et la plaine
               L’Agence nationale des eaux et forêts en                           du Tadla.  Enfin, le quinoa est une culture prometteuse et
           partenariat avec le ministère de l’Agriculture                         peu consommatrice en eau avec des besoins estimés entre
           a annoncé la distribution gratuite de 250.000                          200 et 400 mm/eau/an. Son exploitation dans les zones
           plants d’ici 2030 afin de porter la superficie                         bour s’avère intéressante avec un rendement de 20 quintaux/ha et un prix de
           plantée à 100.000 ha. Avec des besoins en eau                          revient pouvant atteindre 70.000 DH/ha contrairement au blé qui génère 7.000
           estimés entre 250 et 500.000 mm, le caroubier             Ph. L’Economiste  DH/an.  o
           affiche des rendements intéressants, jusqu’à 300 kg pour un arbre adulte. Le                                                            F.E.O.

                                                                         Mardi 22 Avril 2025
   3   4   5   6   7   8   9   10   11   12   13