
Le film de Nabil Ayouch et le spectacle de Jennifer Lopez suscitent un débat qui dépasse totalement la nature de ces œuvres. Après tout, nous sommes là dans le domaine artistique où la provocation est de rigueur. On aime ou on n’aime pas. On peut aussi détester.
Les Marocains ont été des dizaines de milliers à apprécier Jennifer Lopez. Ils sont probablement aussi nombreux à ne pas l’apprécier du tout. Il en va de même pour le travail de Nabil Ayouch.
Mais de là à ce que cela devienne une usine à polémiques et anathèmes, sur laquelle se jettent des partis politiques, voilà qui surprend, a priori.
En réalité, le PJD, qui conduit le gouvernement, se présentait comme le défenseur de la moralité et de la vertu. Or, sur ce plan, depuis quelque temps, il a du mal à demeurer «blanc-bleu»...
Voilà pourquoi ce parti s’excite tant. Jennifer Lopez est arrivée bien à propos pour détourner l’attention. Quant au jeune Ayouch qui se serait contenté d’un bon petit buzz, le voilà propulsé dans des polémiques de politique bien politicienne.
On sait que le pouvoir use. Au fil du temps, il fragilise les cohésions que l’on croyait solides: c’est dans le gouvernement même que sont apparues les failles les plus importantes.
Il faut remarquer que le PJD est la seule composante du gouvernement à s’exciter autant. Les autres sont parfaitement conscientes que ce sont-là des messages très négatifs et parfaitement contre-productifs pour le Maroc et l’économie marocaine. A commencer par le tourisme et toutes les activités liées au capital immatériel.
Cette controverse aurait dû être et rester un débat de société comme il en existe partout. Ce n’est pas le chemin qu’elle prend. Au contraire.
Sous les coups des islamistes, et à des fins électorales, on cherche à fragmenter la société marocaine, pour l’affaiblir afin de la contrôler.
Abdelmounaïm DILAMI
Abdelmounaïm DILAMI