La journée nationale de la lutte contre la corruption a été bien tristement célébrée, hier. Personne ne veut le dire, ni les associations de la société civile, ni les pouvoirs publics, mais les faits sont là: la lutte anticorruption s'est fourvoyée. Il n'en reste que quelques belles réussites qu'il faudra cultiver soigneusement pour faire repousser la plante.Comme partout dans le monde, cette stratégie était née d'initiatives civiles, qui avaient constitué l'association Transparency Maroc. Les pouvoirs publics n'avaient pas voulu la laisser exister tranquillement, si bien que, sans le vouloir, ils lui avaient fait la plus efficace des campagnes publicitaires. Puis, la lutte contre la corruption est devenue une option politique, traitée politiquement, avec commissions, réunions, procès… En un mot, tout l'attirail d'une option politique.Sur le terrain, dans la vraie vie, celle des citoyens, la réalité est tout autre. Car en fait de messages politiques, ils ont été brouillons, contradictoires, non pas sur la campagne elle-même, mais dans tous les actes de la vie politique. Comme après la campagne d'assainissement de Basri, les repères ont été brouillés, perdus. Les gens honnêtes ont eu peur. Les banquiers ont peur de faire leur travail de banquiers, les fonctionnaires ont peur d'assurer le service public, de passer le moindre marché… Les gens malhonnêtes, eux, ont bien vu l'occasion inespérée de poursuivre leur commerce, dans cet Etat qui se grippait, qui allait lentement et qui ne savait plus comment travailler.Bien sûr, personne ne peut donner de chiffres mais partout, des plaintes signalent plus qu'un retour en arrière. Elles signalent une aggravation de la petite corruption, celle qui s'attaque directement aux fondations mêmes du corps social, engendre le doute et la démobilisation. Celle qui fait que les mots n'ont plus de sens.Triste célébration: la lutte anticorruption agonise d'être devenue politique pour servir des buts qui n'étaient pas les siens.Nadia SALAH
L'Edito
Triste célébration
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