
Oui, l’année 2017 se termine mieux qu’elle n’avait commencé. On a eu de bonnes récoltes grâce à la pluie (et aussi à une politique agricole intelligente). On a calmé les ambitions de Benkirane, mais on ne sait pas exactement où veut aller un El Othmani, en apparence effacé. Le PJD a levé, au moins pour un temps, l’hypothèque qu’il faisait peser sur le Maroc, fort du chèque en blanc que lui ont donné les abstentionnistes des élections de 2016.
Mais il ne faut pas rêver: la démocratie et la diversité n’intéressent les candidats totalitaires que tant qu’ils restent minoritaires. Il y aura encore des traîtrises politiques et des essais pour jeter les femmes et les critiques en dehors de l’espace public.
Dans ce contexte, il sera encore difficile de rétablir l’autorité de l’Etat, si nécessaire au fonctionnement socio-économique et à la protection des plus faibles. Au contraire, on voit déjà arriver avec Jerada, de nouvelles prises en otage de l’Etat lui-même, pour le punir d’une lutte mal conduite contre la pauvreté. Et aussi, ne soyons pas naïfs, pour égratigner le Trône, tout en ayant l’air de ne pas y toucher.
Au-delà de la remise en route de l’économie, du redressement des finances publiques, de la conduite du projet continental… le Maroc a deux autres travaux d’Hercule à faire.
Il doit, d’un côté, reconstruire son modèle économique pour le rendre plus performant, plus apte à produire des emplois pour les jeunes adultes, hommes et femmes. Il faudra pour cela franchir un tabou et libéraliser la monnaie.
Il doit, de l’autre côté, reconstruire son Etat, aujourd’hui si lourdaud que le moindre des groupes de pression peut le mettre en laisse, au détriment du reste des citoyens. Une reconstruction complexe, nécessaire mais risquée car il faut rester sur le chemin de la démocratie, tout en en rénovant les références et les critères.
2018 sera donc l’année des reconstructions collectives.