
Les suspicions autour du projet de loi sur l’accès à l’information continuent de prospérer de plus belle. Elles atterrissent désormais au cœur du modèle de développement marocain qu’elles interpellent sur sa capacité à intégrer une meilleure participation citoyenne.
L’Economiste avait pris régulièrement position sur cette usine à gaz et ses risques de distorsion démocratique. En toile de fond, cette impression de hue et dia. D’un côté la Constitution de 2011 qui consacre pour la première fois le droit d’accès à l’information, de l’autre des pratiques qui verrouillent, contrôlent.
Contrairement aux apparences, à l’heure du digital, l’information publique servie aux citoyens est pauvre. Les promesses d’Internet, e-gov et autre open-data sont décalées du terrain. Le site du Parlement est symptomatique de cette indigence. Les rapports des commissions d’enquête sont quasi inexistants. Le temps s’étant arrêté depuis les vestiges des travaux sur les prix des médicaments ou celui du député Rahou Hilae sur la CNSS.
Au SGG, la situation n’est pas meilleure avec des avant-projets de lois qui ne sont pas systématiquement soumis à consultation publique. D’autres pratiques plus sournoises consistent à ouvrir les vannes de l’information mais tardivement, c’est-à-dire lorsque les agendas sont déjà fixés, les décisions publiques prises et que l’information a perdu de sa valeur.
La participation des citoyens, et leur capacité à évaluer et influencer les politiques publiques, y est donc surtout symbolique. Le monde informatique connaît bien ces tours de passe-passe qui consistent, pour des impératifs de cryptage, à désensibiliser des données importantes en les remplaçant par des données pauvres, des jetons ou token. Il leur a même trouvé un nom: tokénisation.