Page 10 - Les nouveaux défis
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                                                            Dossier Marrakech




                                                                                 Tourisme: La relance






        n Le produit Marrakech doit         et par  là même les touristes. A    n «Il n’y aura pas de sortie de crise sans aérien»
                                            ces questions et d’autres concer-
        se réinventer
                                            nant les leviers pour la relance et   POUR Abdellatif Kabbaj, la re-
                                            le maintien de la compétitivité de   prise passe par la sécurité sanitaire et
        n La reprise passera par un         la ville, les professionnels du tou-  donc la démonstration d’une parfaite
        retour de l’aérien                  risme à Marrakech se sont volon-    applicatio,n des mesures sanitaires,
                                            tiers prêtés au jeu des questions   par la présence d’infrastructures de
                                                                                santé à la hauteur, la levée de restric-
        n RAM devrait jouer le rôle de      réponses. Tous s’accordent à dire   tions de déplacement intervilles -qui
                                            que la sécurité sanitaire, et des
        locomotive                          assurances voyage aux normes        a commencé pour les personnes vac-
                                                                                cinées- et l’ouverture totale des fron-
                                            internationales sont le contrat de
           La reprise du tourisme à Mar-                                        tières. Sans cela, on ne peut parler
        rakech suscite encore de nom-       base  du tourisme   aujourd’hui.    de relance. Autre levier pour le pré-
        breuses interrogations auprès       La plupart pensent aussi que la     sident de la CNT, l’assouplissement
        des opérateurs de la ville. Elles se   ville ocre doit se réinventer pour   des règles aux frontières, l’accélé-
        concentrent principalement au-      s’adapter aux mutations du sec-     ration du programme de la vaccina-
        tour de la capacité à reconstruire   teur et qu’il est vital de mener des   tion. Concernant la compétitivité de
        les liaisons aériennes, à récupérer  actions concertées pour faire redé-  Marrakech sur le plan international,   Abdellatif Kabbaj, président du Groupe
                                                                                                                    Kenzi (Ph. L’Economiste)
        les parts des marchés émetteurs  coller l’aérien. Verbatim.o            Kabbaj estime que Marrakech béné-
                                                                                ficie d’un capital de confiance, d’une infrastructure en termes de capacité
                                                                                hôtelière et d’animation et de la proximité puisque la ville est à 3 heures

        n «N'oublions pas que les touristes auront l'embarras                   de tous les marchés. «A mon avis, c’est même la ville qui rebondira le plus
                                                                                rapidement, une fois le ciel totalement ouvert. Marrakech rassemble tous
        du choix»                                                               les atouts et devrait conserver sa place de numéro 1 en Afrique». Il n’y aura
                                                                                pas de sortie de crise sans aérien. RAM devrait jouer le rôle de locomotive
           POUR Fabrice Caste-                                                  pour reconnecter Marrakech à ses principaux marchés émetteurs tradition-
        lor, DG du Radisson Blu, la                                             nels, mais aussi émergents, insiste-t-il. «Le PDG de la compagnie nationale
        relance est à résumer en 2                                              avait promis de mettre en place 5 routes aériennes sur Marrakech. De leur
        mots: confiance et réinven-                                             côté, les régions devraient jouer leur rôle en soutenant les compagnies qui
        tion. «Confiance car dans                                               reprendront dès l’ouverture du ciel».
        ce contexte encore troublé,
        une des grandes priorités des
        voyageurs reste la sécurité                                             n «C'est l'occasion de repenser l'offre»
        dans les destinations propo-
        sées. Nous le voyons bien                                                 POUR Mustapha
        avec les codes couleurs qui                                             Amalik, «il est temps de
        sont autant de (plus ou moins)                                          réviser notre façon de
        bons points distribués à tous                                           voir les choses». L’un
        les pays de la planète». Le                                             des leviers est de repen-
        Maroc (et en particulier Mar-                                           ser l’offre pour répondre
        rakech) est aujourd’hui plu-                                            aux aspirations du mar-
        tôt considéré comme un bon                                              ché domestique qui n’a
        élève et a tendance à rassu-                                            jamais été une roue de
        rer avec une communication                                              secours contrairement à
        n’allant pas forcément dans le                                          ce que l’on fait croire.
        sens des hôteliers qui s’impa-                                          En parallèle à la recon-
        tientent légitimement.                                                  quête des marchés tradi-
           Les professionnels sont en                                           tionnels, il faut anticiper   Mustapha Amalik, DG d’Atlas Widan (Ph. MA)
        train de se réinventer avec de  Fabrice Castelor, DG du Radisson Blu (Ph. FC)  une préparation de ceux qui sont déjà sur le point de démarrer notamment
        nouveaux services. «Couvre-                                             le marché israélien qui devrait être un déclic. Malgré ces mois d’arrêt, la
        feu oblige, le room-service est devenu, à un moment donné, l’activité   destination suscite toujours l’attention des partenaires classiques et restera
        restauration principale de nos établissements». Pour rester compétitive,   compétitive.
        Marrakech doit, dans un premier temps, continuer à jouer à fond la carte   Petit exemple: certains touristes français n’ont pas hésité à transiter
        du tourisme domestique et l’international ne sera qu’un éventuel petit   par la Tunisie au moment où les vols étaient opérationnels encore entre le
        bonus, estime Castelor. «Pour le futur, j’imagine que les grandes zones   Maroc et la Tunisie, pour regagner le Royaume. Ceci traduit l’engouement
        touristiques dans le monde devraient le rester et Marrakech redeviendra   de la destination. Concernant l’aérien, il me semble que l’Etat doit jouer
        certainement une ville incontournable.                                  un rôle très important à ce niveau commençant en un premier temps par
           Pour autant, les touristes auront l’embarras du choix, ce que nous   subventionner quelques routes. Ceci doit en effet entrer dans un plan de
        devons bien garder en tête». Concernant l’aérien, toutes les opportunités   sauvetage que l'Etat et la Région pourraient soutenir les compagnies qui
        de niche ont été trouvées par les compagnies avec de nouvelles destina-  reprendront dès l’ouverture du ciel. Enfin, il est temps que la compagnie
        tions comme Israël, Dubai... se réjouit le professionnel. «C’est clair que   nationale, RAM joue son rôle et assure un certain nombre de routes depuis
        de passer de près de 600 vols hebdomadaires à 5 ou 10 laissera des traces   les marchés classiques à étaler progressivement sur d’autres marchés.
        mais je pense qu’une montée en puissance se fera, en fonction, une fois
        de plus, de la demande du marché».
                                                                     Vendredi 18 Juin 2021
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