Page 10 - Les nouveaux défis
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VIII
Dossier Marrakech
Tourisme: La relance
n Le produit Marrakech doit et par là même les touristes. A n «Il n’y aura pas de sortie de crise sans aérien»
ces questions et d’autres concer-
se réinventer
nant les leviers pour la relance et POUR Abdellatif Kabbaj, la re-
le maintien de la compétitivité de prise passe par la sécurité sanitaire et
n La reprise passera par un la ville, les professionnels du tou- donc la démonstration d’une parfaite
retour de l’aérien risme à Marrakech se sont volon- applicatio,n des mesures sanitaires,
tiers prêtés au jeu des questions par la présence d’infrastructures de
santé à la hauteur, la levée de restric-
n RAM devrait jouer le rôle de réponses. Tous s’accordent à dire tions de déplacement intervilles -qui
que la sécurité sanitaire, et des
locomotive assurances voyage aux normes a commencé pour les personnes vac-
cinées- et l’ouverture totale des fron-
internationales sont le contrat de
La reprise du tourisme à Mar- tières. Sans cela, on ne peut parler
rakech suscite encore de nom- base du tourisme aujourd’hui. de relance. Autre levier pour le pré-
breuses interrogations auprès La plupart pensent aussi que la sident de la CNT, l’assouplissement
des opérateurs de la ville. Elles se ville ocre doit se réinventer pour des règles aux frontières, l’accélé-
concentrent principalement au- s’adapter aux mutations du sec- ration du programme de la vaccina-
tour de la capacité à reconstruire teur et qu’il est vital de mener des tion. Concernant la compétitivité de
les liaisons aériennes, à récupérer actions concertées pour faire redé- Marrakech sur le plan international, Abdellatif Kabbaj, président du Groupe
Kenzi (Ph. L’Economiste)
les parts des marchés émetteurs coller l’aérien. Verbatim.o Kabbaj estime que Marrakech béné-
ficie d’un capital de confiance, d’une infrastructure en termes de capacité
hôtelière et d’animation et de la proximité puisque la ville est à 3 heures
n «N'oublions pas que les touristes auront l'embarras de tous les marchés. «A mon avis, c’est même la ville qui rebondira le plus
rapidement, une fois le ciel totalement ouvert. Marrakech rassemble tous
du choix» les atouts et devrait conserver sa place de numéro 1 en Afrique». Il n’y aura
pas de sortie de crise sans aérien. RAM devrait jouer le rôle de locomotive
POUR Fabrice Caste- pour reconnecter Marrakech à ses principaux marchés émetteurs tradition-
lor, DG du Radisson Blu, la nels, mais aussi émergents, insiste-t-il. «Le PDG de la compagnie nationale
relance est à résumer en 2 avait promis de mettre en place 5 routes aériennes sur Marrakech. De leur
mots: confiance et réinven- côté, les régions devraient jouer leur rôle en soutenant les compagnies qui
tion. «Confiance car dans reprendront dès l’ouverture du ciel».
ce contexte encore troublé,
une des grandes priorités des
voyageurs reste la sécurité n «C'est l'occasion de repenser l'offre»
dans les destinations propo-
sées. Nous le voyons bien POUR Mustapha
avec les codes couleurs qui Amalik, «il est temps de
sont autant de (plus ou moins) réviser notre façon de
bons points distribués à tous voir les choses». L’un
les pays de la planète». Le des leviers est de repen-
Maroc (et en particulier Mar- ser l’offre pour répondre
rakech) est aujourd’hui plu- aux aspirations du mar-
tôt considéré comme un bon ché domestique qui n’a
élève et a tendance à rassu- jamais été une roue de
rer avec une communication secours contrairement à
n’allant pas forcément dans le ce que l’on fait croire.
sens des hôteliers qui s’impa- En parallèle à la recon-
tientent légitimement. quête des marchés tradi-
Les professionnels sont en tionnels, il faut anticiper Mustapha Amalik, DG d’Atlas Widan (Ph. MA)
train de se réinventer avec de Fabrice Castelor, DG du Radisson Blu (Ph. FC) une préparation de ceux qui sont déjà sur le point de démarrer notamment
nouveaux services. «Couvre- le marché israélien qui devrait être un déclic. Malgré ces mois d’arrêt, la
feu oblige, le room-service est devenu, à un moment donné, l’activité destination suscite toujours l’attention des partenaires classiques et restera
restauration principale de nos établissements». Pour rester compétitive, compétitive.
Marrakech doit, dans un premier temps, continuer à jouer à fond la carte Petit exemple: certains touristes français n’ont pas hésité à transiter
du tourisme domestique et l’international ne sera qu’un éventuel petit par la Tunisie au moment où les vols étaient opérationnels encore entre le
bonus, estime Castelor. «Pour le futur, j’imagine que les grandes zones Maroc et la Tunisie, pour regagner le Royaume. Ceci traduit l’engouement
touristiques dans le monde devraient le rester et Marrakech redeviendra de la destination. Concernant l’aérien, il me semble que l’Etat doit jouer
certainement une ville incontournable. un rôle très important à ce niveau commençant en un premier temps par
Pour autant, les touristes auront l’embarras du choix, ce que nous subventionner quelques routes. Ceci doit en effet entrer dans un plan de
devons bien garder en tête». Concernant l’aérien, toutes les opportunités sauvetage que l'Etat et la Région pourraient soutenir les compagnies qui
de niche ont été trouvées par les compagnies avec de nouvelles destina- reprendront dès l’ouverture du ciel. Enfin, il est temps que la compagnie
tions comme Israël, Dubai... se réjouit le professionnel. «C’est clair que nationale, RAM joue son rôle et assure un certain nombre de routes depuis
de passer de près de 600 vols hebdomadaires à 5 ou 10 laissera des traces les marchés classiques à étaler progressivement sur d’autres marchés.
mais je pense qu’une montée en puissance se fera, en fonction, une fois
de plus, de la demande du marché».
Vendredi 18 Juin 2021