
Il y a au moins une entité qui travaille vite et bien dans ce gouvernement, c’est le SGG. La publication du décret délimitant les prérogatives ministérielles met fin à plusieurs semaines d’incertitude. On le sait, la cuvée gouvernementale de l’après-25 novembre a été novatrice mais en même temps confuse à travers l’arrivée de ministères à la gouvernance parfois bicéphale et/ou qui se chevauchent. Le statu quo était donc une option dangereuse avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer sur l’agenda des réformes. Il aurait donc été regrettable de temporiser encore pour chipoter ici et là un peu plus de pouvoir dans un organigramme. La consécration de Nizar Baraka en tant que véritable patron des Finances reste incontestablement une bonne nouvelle et devrait rassurer la communauté des affaires. Il est en revanche encore tôt pour cautionner la montée en puissance de Boulif, Monsieur Affaires générales, un poste aux enjeux importants. Ce sera sans doute l’un des chantiers pour lesquels les arbitrages seront particulièrement surveillés les prochaines semaines.
Dans l’alchimie de l’actuelle majorité, on l’a vu, les ministres ont une liberté de parole, et on l’espère aussi d’action, inédite. Maintenant il faut rester vigilant sur le risque de transversalité. L’affaire des agréments de transport a bien révélé quelques fissures dans la coalition, en particulier auprès d’un PPS irrité. C’est probablement le premier dossier qui a concentré des frictions gouvernementales. Et à ne pas en douter, il y en aura d’autres.
Lorsqu’un ministre prend fait et cause pour un dossier, le risque est de le faire avec sa propre sensibilité, sa coloration politique. Par exemple, les ministres Pjdistes du gouvernement seront toujours tentés de servir de caution pjidiste à Benkirane. Sauf s’ils prennent du recul…
Mohamed Benabid